Parti Communiste International
Lettre du Canada
Les infirmières contre les heures supplémentaires obligatoires


Le 14 Février 2019, une cinquantaine d’infirmières du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont occupé les locaux du siège social de leur Centre Intégré occupé les locaux du siège social de leur Centre Intégré Universitaire de Santé et Services Sociaux (CIUSSS) pour dénoncer l’utilisation systématique des temps supplémentaires obligatoires (TSO) afin de pallier au manque de personnel dans les hôpitaux du Québec. Alors qu’une écrasante majorité d’infirmiers et d’infirmières s’opposent aux TSO, ceux-ci sont la règle et représentent un problème majeur, nuisant à la qualité des soins et à la santé des travailleurs et travailleuses du secteur. Les TSO obligent les infirmières à travailler, parfois jusqu’à 16 heures d’affilées, sans aucun type de préavis et obligent celles-ci à s’organiser entre-elles via Facebook pour tenter de les contourner afin de ne pas être prisonnières au travail.

La raison principale invoquée pour recourir aux TSO est le manque de personnel dans le système de la santé. Le système de santé québécois est en crise depuis près de trois décennies, saigné par les réformes capitalistes successives. La pénurie de main-d’oeuvre s’est fortement aggravée avec les compressions de 963,4 millions de dollars dans le secteur par le Ministre Barrette entre 2014 et 2016.

L’hiver dernier, des sit-in spontanés de travailleurs du secteur ont commencé notamment à Trois-Rivières, Sorel et Laval pour s’opposer aux TSO sans aucun support de leurs syndicats. La Fédération des infirmières du Québec, par la voix de sa présidente, Nancy Bédard, a même insisté pour se déresponsabiliser des sit-in survenus affirmant qu’ils n’étaient «absolument pas» commandés par le syndicat. Cela rappelle évidemment les propos de l’ancienne présidente de la FIQ, Régine Laurent, affirmant qu’il fallait «trouver tous les moyens, sauf la grève» dans les négociations avec le gouvernement.

Sur tout le territoire québécois les urgences débordent. Dans certains établissements, le taux d’occupation des civières monte régulièrement jusqu’à 200% au dessus de la capacité!

Des initiatives de visibilité (macarons, t-shirts) ont été organisées par les travailleuses (les femmes sont toujours majoritaires dans le secteur de la santé au Québec). Des manifestations ont également été organisées, la plus récente ayant eu lieu le 28 février 2019 à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Mais les actions les plus visibles et significatives jusqu’à maintenant sont les sit-in spontanés survenus un peu partout dans la province. Ils démontrent le ras-le-bol généralisé et l’instinct de classe qui s’expriment en défiance, à la fois à l’égard de l’État et ses directives iniques, mais également des syndicats de régimes et de leurs politiques de conciliation de classe et de cogestion du désastre capitaliste.