Parti Communiste International
 
Avril 2020

Pandémie et crise


     Comment la classe travailleuse doit répondre à la crise et aux conséquences de l’épidémie
     Salaire intégral aux chômeurs

 

La pandémie, qui a déjà causé le blocage d’une grande partie de l’économie mondiale, connaît une diffusion très rapide avec des effets désastreux sur les conditions de vie de la classe travailleuse de tous les pays.

L’urgence sanitaire n’est pas la cause de la crise économique, mais l’amplifie. Les crises économiques, comme l’avait démontré il y a plus d’un siècle Marx, proviennent des contradictions existantes à l’intérieur du mode de production capitaliste. La production industrielle des principaux pays a inversé sa croissance depuis le début de l’année dernière avec une contraction majeure le dernier trimestre, début d’une récession mondiale que nous prévoyons comme étant pire que celle de 2008-2009.

L’actuelle pandémie a accéléré de façon spectaculaire et soudaine ce processus. Elle a révélé en deux mois le caractère anti historique et ennemi de l’espèce humaine du capitalisme. Elle frappe les travailleurs, les plus exposés à la contagion, et les couches les plus pauvres de la population et qui n’ont souvent pas accès aux soins sanitaires.

La crise économique amènera à aiguiser les inégalités sociales, avec la ruine accélérée des classes moyennes, et pour les travailleurs une augmentation de l’exploitation et du chômage de masse. L’Organisation Internationale du Travail prévoyait le 18 mars dernier 25 millions de chômeurs, mais quelques jours plus tard elle ajoutait : « Une quantité énorme de sans travail s’ajoutera aux 190 millions enregistrés fin 2019 ».

Dans les seuls Etats Unis, on a atteint en trois semaines les 16,8 millions de nouveaux chômeurs avec une augmentation hebdomadaire de 5,6 millions de demandes d’aides, un chiffre jamais vu auparavant. Il est vrai que se sont ajoutés des critères d’admissibilité aux aides qui avant la pandémie permettaient l’accès seulement à 20-30 % des sans travail tandis que peuvent y accéder désormais les travailleurs temporaires ou à la pièce, la soi-disant « gig economy », mais le chiffre moyen des trois semaines précédentes était seulement de 236 000 ! La pire semaine datait depuis le lointain 1967, quand ont commencé ces statistiques du Département de l’ Etat américain, d’octobre 1982 avec 695 000 demandes !

Des secteurs entiers de l’économie mondiale s’écrouleront, y compris celui du tertiaire, avec des conséquences désastreuses pour la classe travailleuse.

Il n’est même pas escompté que le système économique mondial ait la force de faire repartir le processus d’accumulation, vital pour le mode de production capitaliste.

En Italie, le massif recours à la caisse de chômage et le blocage des licenciements jusqu’au 30 avril ont seulement repoussé l’écroulement des postes de travail. Mais l’hémorragie vers le chômage est déjà survenue dans la région méridionale et dans l’économie souterraine, très diffuse aussi en Italie : ces travailleurs se sont retrouvés sans aucune protection du jour au lendemain.

Comment peut réagir le prolétariat d’ Italie et international à cette situation ?

La riposte ne peut être donnée qu’en empoignant la revendication historique du mouvement ouvrier : réduction drastique de l’horaire de travail à parité salariale et salaire entier pour les chômeurs. Ces revendications simples tendent à surmonter la concurrence et les fractures au sein de la classe travailleuse, favorisent l’unité entre toutes les catégories et permettent de rassembler les forces dans le heurt de classe.

Dans cette urgence sanitaire, de nombreux travailleurs ont déjà réagi à l’action criminelle de la très grande majorité du patronat qui, en se fichant du risque de contamination, a prétendu vouloir laisser fonctionner les usines, les chantiers, les magasins, contraignant les travailleurs à se rendre au travail. Dans beaucoup d’entreprises, nonobstant qu’il y ait encore une forte organisation de classe, qui aurait contribué à organiser une riposte encore plus énergique, les travailleurs ont croisé les bras instinctivement, revendiquant leur droit à la santé et à la vie. Les travailleurs doivent s’inspirer de ces exemples, encore isolés.

A cette fin, il faut s’organiser pour la renaissance d’un puissant syndicat confédéral de classe. Dans cette organisation seront également appelés les travailleurs étrangers, dont la régularisation doit être réclamée.

Aux objections de « raison économique » du patronat, qui pleure toujours misère, nous répondrons que ce n’est pas à la classe travailleuse d’indiquer à la bourgeoisie où prendre les sous pour équilibrer ses comptes. Nous ne sommes pas tous « dans la même barque », comme voudraient nous faire croire leurs appels à la défense de la patrie et de l’économie nationale.

Les travailleurs ne peuvent et ne doivent pas payer cette crise !