Parti Communiste International

Guerre impérialiste et luttes des travailleurs en Italie
Les revendications de nationalisations et de loi anti délocalisations dévoient la lutte pour l’unité syndicale vers l’opportunisme et la défense nationale et en fin de compte pour l’acceptation de la guerre mondiale


Nous publions ci-dessous le tract qui a été distribué par nos camarades lors d’une manifestation nationale le samedi 26 mars 2022 à Florence à l’appel du Collectif de l’usine ex-GKN qui se bat depuis juillet 2021 contre la fermeture de leur usine liée au secteur automobile, fermeture pour des motifs de délocalisation d’une entreprise pourtant florissante ! L’usine construite en 1996 à Campi Bisenzio, dans la province de Florence, et qui produit des arbres d’essieux pour le secteur automobile et de l’aéronautique, était une filiale italienne de la GKN (fleuron de la sidérurgie britannique depuis des siècles mais racheté depuis 2018 par un fonds d’investissement spéculatif anglais, Melrose et aujourd’hui mise dans les mains d’autres spéculateurs !) ; elle reçut des subventions publiques de plusieurs millions d’euros du gouvernement italien, et en 2021 c’est une entreprise qui se portait bien avec des carnets de commandes remplis et des bilans positifs quand la délocalisation a été décidée.

Rappelons quelques faits de la situation italienne. Le secteur automobile est en crise non seulement en Italie mais aussi dans de nombreux pays. En Italie c’est Stellantis – groupe automobile multinational fondé en janvier 2021 – qui donne la mesure par ses choix industriels et de restructuration. En mars 2020, en raison de l’état d’urgence provoqué par la crise sanitaire, le gouvernement italien après un accord entre la Confindustria (Syndicat patronal) et les syndicats de travailleurs a décrété le blocage des licenciements pour cause de crise et de restructuration et ce jusqu’au 30 juin 2021, ce qui n’a pas évité une perte de un million d’emplois dont une grande majorité de femmes avec des contrats précaires.

Depuis le 30 juin 2021, les entreprises sont donc libres de licencier après un accord dans lequel les négociateurs syndicaux se sont contentés de plaider pour 13 semaines d’indemnité en cas de licenciements. Et cela n’a pas tardé !

Le 9 juillet 2021, les travailleurs de GKN, ont reçu par e-mail ou par sms la nouvelle de la fermeture de l’ensemble de l’usine soit 500 licenciements avec les sous-traitants, et cela afin de déplacer la production, très lucrative jusqu’alors, vers des régions où les salaires sont plus bas ! Une histoire comme beaucoup d’autres.

Cette fois-ci, une explosion s’est produite, devenant le conflit syndical le plus important du pays depuis de nombreuses années et un signe de réveil pour les travailleurs, endormis par des décennies de défaites, de résignation et de trahison des directions syndicales.

Les travailleurs de cette entreprise métallurgique étaient pour la plupart affiliés au syndicat FIOM (Federazione impiegati operai metallurgici), branche de la CGIL (Conferazione generale italiana del lavoro), mais appartenaient à un courant très combatif. En effet depuis de nombreuses années des travailleurs, opposés à l’opportunisme des directions syndicales, s’étaient regroupés dans un «Collectif d’usine». Celui-ci réunissait les travailleurs quelque soit leur affiliation syndicale mais la plupart adhéraient à la FIOM-CGIL, et il négociait âprement avec la direction de l’usine.

Dès l’annonce de la fermeture de l’usine, le « collectif d’usine » prenait la tête d’un mouvement de protestation, les travailleurs occupant l’usine et organisant des piquets permanents devant les portes de l’usine, et ce jusqu’à ce jour ! Mais la principale caractéristique de cette lutte est que dès le début le collectif a exprimé la nécessité d’unir leur lutte à toutes les luttes des travailleurs, de dépasser les limites de l’entreprise, des territoires, des catégories, appelant ainsi à l’unité de lutte des travailleurs, au front uni syndical !

Les travailleurs de cette entreprise se battent ainsi courageusement depuis des mois contre la confindustria et le gouvernement Draghi. Ils ont reçu rapidement le soutien de la municipalité, d’associations locales, et nombreux autres secteurs (entreprises, secteur universitaire et culturel) de la région et au-delà. Des travailleurs d’autres entreprises menacées de délocalisation et de licenciements collectifs ont rejoint cette lutte. Le samedi 19 juillet 2021, la CGIL de Florence déclarait une grève générale territoriale rejointe par d’autres syndicats et une manifestation imposante que l’Italie n’a pas vu depuis des lustres se déroulait à Florence ; et d’autres manifestations ont suivi.

Le conflit fut ainsi suivi presque quotidiennement par les medias car le collectif GKN refuse de fermer l’usine et exige l’intervention du gouvernement auprès de son principal client, Stellantis. Il exige que soit votée une loi interdisant les délocalisations. Mais les négociations traînent depuis en raison de l’hostilité de la Confindustria qui y voit évidemment une limite à la « libre entreprise » et aussi en raison de l’apathie des directions syndicales confédérales. Le 18 septembre, le collectif d’usine de GNK a appelé à une manifestation nationale à Florence de délégués de différentes villes, et qui fut rejointe par la CGIL et la FIOM. Le 20, le tribunal bloquait la procédure de licenciement en raison du fait que la direction n’avait pas informé les syndicats. Le problème de GNK est désormais celui des travailleurs italiens et du décret à obtenir du gouvernement contre les délocalisations abusives, surtout pour des entreprises qui ont bénéficié d’aides publiques.

En janvier 2022, l’usine passe de Melrose à un restructurateur d’entreprise qui doit chercher des investisseurs et le 19 janvier est signé un accord pour la réindustrialisation. Le 20 mars, les indemnités de licenciements se terminent. Le 24 mars un des nouveaux propriétaires, une entreprise de l’industrie mécanique du secteur pharmaceutique, présente aux syndicats le plan de réindustrialisation prévoyant des investissement de 82 millions d’euros et 340 travailleurs désormais encore sur l’entreprise ne retourneront au travail qu’en 2023. Les autres acquéreurs ne sont pas connus.

Ainsi cette lutte est marquée par l’autonomie du Collectif d’usine vis à vis des directions syndicales et sa capacité à organiser la lutte et à forcer les directions syndicales à intervenir de manière plus offensive ; elle est aussi notable par l’extraordinaire solidarité qu’elle a reçu de la part des autres travailleurs du pays. Mais l’opportunisme est encore très puissant et s’exprime à travers les revendications de nationalisations et de lois contre les délocalisations.

Dans notre organe italien, Il partito du 14-02-22, nous écrivions : «Se battre pour les nationalisations ou contre les délocalisations n’unira pas la classe travailleuse». Si le premier pas du collectif GKN a été exemplaire jusqu’à présent, le second l’est beaucoup moins en se plaçant dans le sol marécageux de l’opportunisme. L’objectif utilisé pour unifier les luttes des travailleurs était celui d’une loi contre les délocalisations, auquel s’ajoutait alors la demande de nationalisation et, selon le document final de l’assemblée du 21 novembre, un plan national de mobilité durable. Ces trois points sont liés à une logique intrinsèquement réformiste : on a l’illusion de pouvoir déterminer – ou du moins influencer – le cours du capitalisme en menant une "politique économique différente pour le pays".

Dans le tourbillon du système capitaliste – qui est irréversiblement et de plus en plus un réseau inextricable d’intérêts internationaux – on croit possible de déterminer le cours de la barque du capitalisme national au milieu de la tempête.

Ce n’est pas seulement une illusion, c’est aussi une idée néfaste car elle est annonciatrice de mauvaises leçons. D’une part, elle continue à confiner le prolétariat dans un horizon national étroit et fictif. D’autre part, elle se base sur l’idéologie dominante en se fiant au travail de l’État bourgeois, alors qu’il est le principal bastion ennemi à abattre, l’instrument de la domination patronale.

Peut-on vraiment croire que l’on peut réguler le mouvement international des capitaux en les empêchant de se déplacer d’un bout à l’autre du monde ? C’est sur cette croyance ingénue et dangereuse pour les travailleurs que joue la politique démagogique bourgeoise. Dans le conflit avec Embraco [ usine du groupe multinational Whirlpool dans la région de Turin : après 4 ans de luttes et de promesses non tenues, le fonds de licenciements se terminait en janvier 2022 par des annonces de délocalisation et de formations] – qui s’est terminé ces dernières semaines comme chacun sait – c’est l’actuel ministre des affaires étrangères, puis le ministre du travail, qui y a eu recours.

Quand il ne s’agit pas de démagogie, freiner les délocalisations – comme le propose le projet de loi promu par le Collectif GKN – aurait pour conséquence de faire fuir les investissements directs étrangers. Dans tous les pays, les régimes bourgeois font le contraire, déroulant des tapis rouges pour les investissements, poursuivant la réduction des coûts du travail, proposant de meilleures conditions fiscales, par exemple en créant des zones économiques dites spéciales.

Ce n’est rien d’autre que l’effet de la concurrence internationale, qui s’intensifie à mesure que la crise économique du capitalisme progresse. Un processus qui détermine les politiques économiques des capitalismes nationaux du monde entier, qui ne bénéficient finalement d’aucun libre arbitre.

Il faut aussi arrêter de pointer du doigt les multinationales plutôt que le capitalisme dans son ensemble, comme si le capitalisme pouvait exister sans elles. Il en va de même pour les fonds spéculatifs, le capitalisme industriel étant opposé au capitalisme financier de manière totalement fictive. Cela se prête également à des opérations démagogiques qui, afin d’absoudre le capitalisme dans son ensemble, pointent du doigt ses prétendues distorsions et, avec elles, des fractions de la classe dominante et des régimes bourgeois nationaux (...)

Ce ne sont certainement pas seulement les entreprises de capitalistes étrangers qui se délocalisent, ni seulement les fonds spéculatifs, ni seulement les multinationales, mais aussi les entrepreneurs italiens, depuis des décennies. Et les entreprises étrangères qui investissent en Italie ne délocalisent-elles pas en faveur de "notre pays"?

Certains des partisans, du côté des travailleurs, de revendications telles que celles proposées par le collectif des travailleurs de GKN, sont bien conscients des considérations faites jusqu’ici, mais, de manière apparemment paradoxale, c’est en vertu de celles-ci qu’il est considéré comme correct de les avancer. Cela est dû à la méthode dite "de transition", propre au trotskisme : appeler les travailleurs à lutter pour des "objectifs politiques de transition" – nationalisations, défense de l’industrie nationale – que le régime bourgeois est incapable de poursuivre jusqu’au bout, et les travailleurs devront en déduire que son renversement révolutionnaire est nécessaire pour les atteindre!

Pour la Gauche communiste, au contraire, ces objectifs ne sont pas une transition vers le socialisme et de plus la bourgeoisie ne peut les réaliser. Pour nous, cette voie a des conséquences néfastes : au lieu de rapprocher la classe travailleuse de la révolution, elle la pousse vers la solution réactionnaire à la crise économique du capital en véhiculant en son sein les idéologies et les solutions des partis bourgeois.

Pour se préparer à la guerre impérialiste, qui est la seule façon de sortir de la crise économique pour le capital, une politique basée sur le protectionnisme et en général sur l’interventionnisme de l’État dans l’économie – y compris par le biais de nationalisations – est nécessaire pour la bourgeoisie. La décennie qui a précédé la Seconde Guerre mondiale l’a montré clairement : tel était le signe des politiques économiques des régimes nazi-fasciste et démocratique, qui étaient fictivement opposés.

C’est ainsi qu’arrivera Giorgia Meloni [députée d’extrême droite] pour défendre l’industrie du pays contre les multinationales en nationalisant et en expropriant les usines de la multinationale symbole du capitalisme "sans éthique".

Si est ainsi invoquée une « politique économique différente » pour la défense de la condition prolétarienne dans le cadre du régime économique et politique capitaliste actuel, les travailleurs pourraient être convaincus qu’il est juste, nécessaire et naturel de lutter pour son pays dans l’arène du capitalisme international, un but pour lequel il sera nécessaire, à un moment donné, de participer à la guerre impérialiste.

La défense des conditions de vie de la classe travailleuse doit se faire en luttant de manière très visible pour ses objectifs élémentaires – les salaires, la durée et l’intensité de la journée de travail et des conditions de travail – et non par une voie médiatisée au travers d’une politique économique « différente » qui soi disant améliorerait les conditions de vie des travailleurs.

Les revendications concernant les salaires, la durée du travail, le salaire des chômeurs, etc. sont non seulement des objectifs nécessaires et inévitables, mais ce sont des objectifs que tous les travailleurs partagent et qui, en eux-mêmes, constituent un écart insurmontable avec tous les partis bourgeois. Ces objectifs sont par conséquent revendiqués, politiques et révolutionnaires. Ils n’offrent aucun terrain d’entente ou de contiguïté avec les idéologies réactionnaires, comme, par exemple, celle de la souveraineté nationale. Alors que la lutte contre les délocalisations et pour les nationalisations se situe dans un cadre national, la lutte pour les salaires et la réduction du temps de travail n’offre aucun obstacle à son extension et à son unification au-delà des frontières ; au contraire, elle l’appelle naturellement à s’étendre au-delà des frontières. Ce sont des objectifs qui unissent les travailleurs du monde entier».

Le 26 mars 2022, le collectif des travailleurs de la l’ex-GKN organisait une manifestation nationale à Florence qui réunissait des milliers de personnes, réclamant la réindustrialisation de leur usine et la lutte contre les délocalisation, la vie chère, les salaires, l’abolition des statuts précaires, etc. Voici le tract que notre parti distribua ce jour là à Florence.



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Florence, samedi 26 mars 2022
Seule la classe des travailleurs, par sa mobilisation, peut arrêter la guerre!
Pour un front syndical de classe uni!
Pour la défense des conditions de vie et de travail!

La classe travailleuse internationale est aujourd’hui confrontée à la plus grande forme de son oppression dans le capitalisme : la guerre impérialiste.

Il est clair qu’en Ukraine, ce ne sont pas seulement les États bourgeois russe et ukrainien qui s’affrontent, mais aussi les grandes puissances impérialistes : USA, Chine, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie... La confrontation inter-impérialiste permanente a diffusé aujourd’hui la guerre dans ces deux pays après avoir dévasté les années précédentes les Balkans, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, etc... et en engloutit maintenant beaucoup d’autres oubliées ou masquées par les médias du régime.

Le fait que la guerre s’approche du cœur de l’un des centres de l’impérialisme mondial – l’Europe – indique que ce conflit est une étape décisive vers la troisième guerre mondiale, dans laquelle l’ensemble du monde capitaliste s’efforcera de surmonter ses contradictions.

La guerre est une nécessité économique du capitalisme. C’est la continuation sur le plan militaire de la concurrence économique entre les États bourgeois pour les énormes intérêts capitalistes que chacun protège. Une compétition acharnée qui devient de plus en plus impitoyable à mesure que la crise économique mondiale de surproduction progresse.

La défense de la démocratie contre l’autocratie, l’anti-fascisme, la défense de la nationalité ukrainienne ou des minorités russes sont toutes de fausses et hypocrites justifications de propagande avancées pour masquer les véritables intérêts capitalistes et pousser les travailleurs à servir de chair à canon des deux côtés du front.

La guerre est la responsabilité de toutes les bourgeoisies en conflit et elle est provoquée par le capitalisme dans son ensemble. Même si survient un cessez-le-feu en Ukraine, avec une paix fragile, la guerre continuera. Il n’y a aucune politique bourgeoise qui puisse l’empêcher de mûrir et d’éclater.

Les États capitalistes sont poussés à une agressivité toujours plus grande par l’avancée inexorable de la crise économique mondiale. Ils sont tous la proie du déclin historique du capitalisme, dont la défense à tout prix – que ce soit en détruisant des biens et des vies humaines ou en dévastant la nature – est la raison d’être des machines étatiques nationales et de leurs formidables appareils militaires.

La guerre impérialiste n’est pas un héritage du passé ancré dans certains régimes particulièrement rétrogrades. C’est le produit des intérêts économiques les plus modernes et les plus immenses. Le capitalisme produit désormais une société anti historique qui survit en s’opposant par tous les moyens à la nouvelle société – internationale, non mercantile, communiste – qui, déjà mature matériellement, est prête à naître en son sein. Et il s’y oppose en opprimant la classe sociale qui, inconsciemment, par le simple fait de devoir lutter pour sa survie contre ce monde qui se meurt, en est l’accoucheur : le prolétariat.

La guerre impérialiste est un moyen de partager le marché mondial, de dresser les États capitalistes les uns contre les autres, mais c’est aussi le seul moyen pour le capitalisme dans son ensemble de se guérir du cancer de la surproduction qui le condamne à mort, en détruisant les villes, les usines, les infrastructures, tous les biens – y compris le travail – qui inondent le marché et empêchent la poursuite de l’accumulation du capital.

Tous les États capitalistes sont unis – au-delà de leurs divisions – dans l’intérêt que la guerre arrive et que les travailleurs s’y battent et y meurent. Le pire ennemi de tout État-nation bourgeois, bien plus que la nation adverse, est le prolétariat qui refuse de se battre sous les ordres de son ennemi de classe! C’est pourquoi, dans tous les pays, les médias du régime exaltent le nationalisme, le militarisme, le patriotisme, la résistance et l’esprit partisan.

La guerre impérialiste n’est pas seulement un moyen de diviser les marchés, une solution économique à la crise de surproduction ; c’est l’instrument le plus éminent pour arrêter la révolution. Et arrêter la guerre signifie ouvrir la voie à la à la révolution.

La crise économique appauvrit les travailleurs et accroît l’exploitation, ce qui les pousse à reprendre la lutte, jusqu’à ce que la flamme de la révolution sociale s’allume. Les symptômes de ce processus ont été les grands soulèvements sociaux de ces dernières années, des soi-disant printemps arabes, à ceux du Chili, de l’Équateur et de la Colombie, jusqu’au dernier, au début de l’année, au Kazakhstan, qui a été réprimé dans le sang avec le consentement de tous les États bourgeois de l’Ouest et de l’Est, tant démocratiques qu’autocratiques. L’augmentation forte et persistante des grèves aux États-Unis au cours des dernières années confirme également que la crise sociale, qui a commencé par frapper les pays capitalistes les plus faibles, finira par mettre en mouvement les travailleurs de tous les pays impérialistes.

C’est la mobilisation de la classe travailleuse – et non un mouvement d’opinion pacifiste qui est la seule force capable d’arrêter la guerre, car elle est intrinsèquement défaitiste vis à vis de l’unité nationale – c’est-à-dire de l’unité entre la classe exploitée et la classe bourgeoise – et constructive de l’unité internationale des travailleurs.

Un fort mouvement de grève dans les usines et sur tous les lieux de travail, pour la défense des conditions de vie et de travail, génère les conditions sociales et politiques les plus favorables pour que les prolétaires contraints de porter des uniformes militaires et de se battre s’agitent, pour que les soldats soient démoralisés et que la volonté de se battre s’éteigne, pour que la discipline militaire soit brisée et que la fraternisation au front soit favorisée entre prolétaires de différents uniformes contraints de s’entretuer. Le premier pas vers le défaitisme prolétarien dans la guerre bourgeoise est dans le refus élémentaire des travailleurs d’en payer les frais!

Ces derniers jours, le Parlement de nombreux pays européens a approuvé une augmentation vertigineuse des dépenses militaires, qui retombera sur les épaules de la classe travailleuse, tandis que l’augmentation du carburant, du pain, des céréales, ponctionnera une part toujours plus grande des salaires.

C’est le devoir inéluctable du syndicalisme de classe d’organiser la lutte des travailleurs pour se défendre contre les effets de la guerre qui les affectent déjà dans tous les pays.

Au contraire, face à un fait historique aussi grave et aux tâches qu’il exige, la conduite des directions du syndicalisme de la classe travailleuse a été jusqu’à présent en défaut. Un mois après le début de la guerre, il n’y a toujours pas d’organisation, ni de trace d’une volonté de promouvoir une mobilisation unie du syndicalisme conflictuel. Au contraire, les directions des principaux syndicats de base persistent dans leur comportement opportuniste habituel, continuant à s’ignorer mutuellement.

La combativité des travailleurs de GKN a été multipliée en force et en valeur par la volonté constamment exprimée et mise en pratique de la mettre au service non seulement du conflit de leur entreprise mais de l’unité de la classe travailleuse dans son ensemble.

Le collectif GKN a recherché l’unité avec les autres luttes des travailleurs, indépendamment des syndicats dans lesquels les travailleurs étaient organisés, faisant ainsi un pas concret dans la direction de ce front syndical de classe unique nécessaire pour remettre le mouvement des travailleurs sur pied, pour vaincre le syndicalisme de régime des CGIL, CISL et UIL qui, avec son travail défaitiste dans les luttes des travailleurs, a conduit la classe travailleuse dans une position de prostration face à la classe bourgeoise.

Cette lutte pour l’unité d’action des travailleurs doit être poursuivie et élargie par tous les travailleurs luttant contre la guerre impérialiste, afin de parvenir le plus rapidement possible à une grève générale unie de tout le syndicalisme conflictuel en lutte contre la guerre impérialiste et contre ses effets sur la classe des travailleurs, pour une augmentation générale des salaires, des allocations de chômage, des indemnités de licenciement et des retraites, en se donnant pour tâche de réaliser la capacité de promouvoir une grève générale internationale face à la guerre.

Les travailleurs et les militants syndicaux combatifs doivent se mettre en mouvement et se battre pour que les organisations syndicales s’unissent, sans perdre plus de temps, pour défendre les travailleurs de la guerre impérialiste, pour exiger avec force la fin de la guerre avant qu’elle ne s’étende à d’autres pays.


- Guerre à la guerre!
- Contre la guerre impérialiste, pour la guerre entre les classes!
- Pour le front uni des syndicats de classe!
- Pour la grève générale unitaire de tout le syndicalisme contre la guerre!