Parti Communiste International



POIDS ET INTENSITÉ INDUSTRIELS
2022

Suite à la demande de différents camarades concernant l’importance des pays “en développement” dans l’accumulation du capital à l’échelle mondiale, nous avons fait une mise à jour des tableaux sur le poids industriel et l’intensité industriel des principaux pays impérialistes, publié dans “Le cours de l’impérialisme mondial”, auxquels nous avons ajouté un certain nombre de pays en développement.

Nous n’avons pas la possibilité de calculer ce poids en partant des indices de la production industrielle, car il nous faudrait la production d’un panel de produits bruts, dont nous ne disposons pas, pour calculer les coefficients de pondération pour chaque pays. A la place, dans l’article en question, nous avions opté pour la production d’électricité, en partant du principe qu’elle fait appel, pour la création de son infrastructure, de sa maintenance et de sa production, à de nombreuses branches de la section I du capital.

Le résultat n’est pas parfait, comme dans n’importe quel choix, il y a des distortions. Certains pays sont avantagés, comme par exemple la France, dont la production électrique dans son mixe énergétique est plus importante que la moyenne, grâce à la production électrique d’origine nucléaire. Dans le tableau, nous avons retiré certains pays, comme le Canada et l’Australie, qui montraient une nette distorsion : leur poids industriel, d’après la production électrique, se montrait bien supérieur à ce qu’il est réellement. Néanmoins, dans son ensemble, le recours à la production électrique permet d’obtenir une image assez fidèle de la réalité, comme nous allons le voir.

Un autre critère qui pourrait être utilisé, est la consommation d’énergie par l’industrie. Nous allons voir s’il est possible d’obtenir cette information pour l’ensemble des pays. Cependant on n’évitera pas un autre biais : les pays dont l’appareil productif est ancien, consommeront plus d’énergie que ceux dont les moyens de production sont plus récents, et auront donc un poids industriel supérieur à la réalité. Ce sera le cas, par exemple, pour la Russie, dont toute une partie de l’industrie manufacturière est vétuste. Néanmoins, si c’est possible, ça vaut la peine de dresser un tel tableau, il viendra en complément de celui basé sur l’électricité, ce qui nous permettra d’avoir une représentation plus précise de la réalité.

Évidemment la production de l’électricité, ce n’est pas l’indice de la production industrielle qui est un indice composite comprenant tout le spectre de la production industrielle. Mais n’oublions pas que même dans ce cas il y a de nombreux biais qui altèrent la réalité, par exemple en choisissant soigneusement l’année de référence on peut avantager le résultat. Sans parler des grossières manipulations, comme font les Russes, où tout récemment l’office statistique anglais, qui sous le gouvernement Boris Johnson a révisé de manière éhontée les indices. Quant à la Chine, en partant du chiffre d’affaire, elle comptabilise plusieurs fois une même valeur ajoutée, ce qui conduit à une distorsion de l’indice et à une surévaluation, ce qui fait qu’aucun office officiel de statistique ne les prennent en considération. Pour la Chine l’on doit se référer à la production brute, et mieux, si possible, à la consommation d’énergie par l’industrie. Mais même là, on n’est pas à l’abri des manipulations ; on a vu comment après coup les données des années 2015-2016 avaient été corrigées pour masquer la récession de ces deux années.

Dans nos premiers rapports nous avons montré comment le développement du capital en Chine a sauvé le capitalisme mondial en prolongeant son cycle d’au moins trente ans. Mais les flux de capitaux en provenance des États-Unis, du Japon, d’Allemagne, de France, etc., ne sont pas allés s’investir seulement en Chine. On peut ajouter l’Inde, le Vietnam, la Turquie, le Mexique, etc.

Nous avons donc tout naturellement ajouté dans les tableaux, à la liste des pays habituellement suivis, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Mexique, la Turquie, l’Inde, l’Iran et l’Indonésie qui, d’après leur poids industriel, font en 2018 partie des vingt premier pays. Il sont immédiatement suivis par le Vietnam qui est appelé à devenir un nouveau Japon.


Les cycles de la production industrielle


 
Production brute d’électricité par cycle industriel
 
Augmentation annuelle en %.
 
  1960-
1973
1973-
1979
1979-
1989
1989-
2000
2000-
2007
2007-
2018
Monde 8,0 4,7 3,9 2,3 3,6 2,7
Monde sans Chine 7,9 4,6 3,7 1,9 2,3 1,4
États-Unis 6,7 3,1 2,9 2,4 1,0 0,2
Russie 9,2 5,2 3,6 -1,9 2,1 0,9
Japon 11,3 3,9 3,1 2,7 1,0 -0,6
Allemagne 9,4 3,8 1,8 0,3 1,5 0,0
France 7,4 4,7 5,3 2,7 0,8 0,2
Royaume-Uni 5,7 1,0 0,5 1,7 0,7 -1,6
Italie 7,5 3,7 1,5 2,7 1,8 -0,7
Belgique 7,9 4,2 2,6 2,1 0,8 -1,5
Espagne 11,4 5,6 3,5 3,9 4,5 -1,0
Portugal 8,8 8,7 4,7 5,0 1,1 2,1
Corée du Sud 19,8 15,7 10,2 10,8 5,7 3,0
Chine 11,5 9,1 7,6 7,9 13,5 7,4
Inde 8,7 7,6 9,1 6,9 5,4 5,9
Argentine 6,2 5,9 3,0 5,3 2,7 3,2
Mexique 9,3 9,0 6,6 5,2 3,7 2,8
Brésil 10,3 11,9 5,7 4,2 3,5 2,8

Le premier tableau rapporte les incréments de la production brute d’électricité et couvre la période qui va de 1960 à 2018, Elle est divisée, d’après les cycles de la production industrielle, en six cycles. On retrouve, de cycle en cycle, le même ralentissement général que pour la production industrielle. La première ligne concerne l’ensemble du Monde : de 8%, l’augmentation moyenne annuelle de la production d’électricité entre 1960 et 1973, tombe progressivement, de cycle en cycle, à 2,3% entre 1989 et 2000, pour ensuite remonter à 3,6% entre 2000 et 2007, puis ensuite retomber à 2,7% entre 2007 et 2018. Si l’on regarde les incréments pour le Monde sans la Chine, l’on obtient entre 1960 et 1973, 7,9% contre 8%, ce qui est quasiment la même chose, mais ensuite la diminution de l’incrément est plus forte : entre 1989 et 2000 l’on a 1,9% contre 2,3%. La différence n’est pas négligeable, car il s’agit d’une moyenne mondiale. Dans le cycle suivant, entre 2000 et 2007, on a bien une remontée, mais nettement plus faible ; 2,3% contre 3,6% avec la Chine. Puis ensuite dans le dernier cycle, 2007-2018, qui comprend la grande crise mondiale de 2008-2009, la chute est plus forte : 1,4% contre 2,7% en comptant la Chine. On voit clairement comment l’accumulation du capital en Chine a tiré en avant le capitalisme mondial.

Les autres pays, comme le Brésil, le Mexique, la Turquie, le Vietnam, l’Inde, l’Indonésie, etc., ont participé à la remontée du taux d’incrément mondial, on le voit car leurs incréments sont plus élevés que pour les vieux pays impérialistes ; cela va de 3,5% pour le Brésil à 5,4% pour l’Inde, contre 0,7% pour l’Italie à 2,1% pour la Russie, qui sort tout juste de la pire récession de son histoire : moins 55% ! Ils y ont d’autant plus participé que le poids de leur population est important, mais malgré tout leur rôle, par rapport à la Chine, est resté beaucoup plus faible, mais toutefois pas négligeable. On s’en rend compte facilement en regardant l’incrément pour les États-Unis durant le même cycle et celui pour l’Europe élargie, qui n’est pas donné dans le tableau. L’on obtient respectivement 0,2% et -2,9% ! Autrement dit l’incrément pour les seuls pays impérialistes, pris dans leur ensemble, est négatif. Ce sont donc la Chine, de manière écrasante, et les autres pays en développement qui ont tiré en avant l’accumulation du capital à l’échelle mondiale.

D’où la « mondialisation » et les « chaînes de valeur » que nos bourgeoisies bien impérialistes et leur propagandistes ont constamment à la bouche. C’est grâce à cela qu’elles ont pu limité la casse et éviter l’effondrement à la suite de la récession déflationniste de 2008-2009 ! La seule intervention des banques centrales, qui n’ont pas hésité à tirer sur la planche à billets, et des États, qui se sont endettés à des niveaux inouïs, n’aurait pas suffi.


Tableau sur le poids industriel


Poids relatif de l’industrie
Calculé à partir
de la production brute d’électricité

(Source: NU)
 
 
 
1960 1973 1979 1989 2000 2007 2018

% DU POIDS INDUSTRIEL
 
Monde 100 100 100 100 100 100 100
Chine 2,1 2,7 3,4 4,9 8,7 16,5 26,9
États-unis 36,6 31,4 28,7 26,0 26,1 21,8 16,7
Europe 24,5 24,2 22,9 20,0 18,9 16,2 11,8
Inde 0,9 1,2 1,4 2,2 3,6 4,1 5,7
Urss/Russie 12,7 14,6 15,0 8,2 5,7 5,1 4,2
Japon 5,0 7,4 7,1 6,6 6,9 5,7 4,0
Allemagne 5,1 6,0 5,7 4,6 3,7 3,2 2,4
Brésil 1,0 1,0 1,5 1,8 2,2 2,2 2,3
Corée du Sud 0,1 0,2 0,4 0,8 1,9 2,1 2,2
France 3,1 2,9 2,9 3,4 3,5 2,9 2,2
Mexique 0,5 0,6 0,8 1,0 1,3 1,3 1,3
Royaume-uni 5,9 4,5 3,6 2,6 2,4 2,0 1,2
Iran 0,1 0,2 0,3 0,4 0,8 1,0 1,2
Turquie 0,1 0,2 0,3 0,4 0,8 1,0 1,1
Indonésie 0,1 0,0 0,1 0,2 0,6 0,7 1,1
Italie 2,4 2,3 2,2 1,7 1,8 1,6 1,1
Espagne 0,8 1,2 1,3 1,2 1,4 1,5 1,0
Afrique du Sud 1,0 1,0 1,1 1,3 1,4 1,3 1,0

% DE LA POPULATION
 
Monde 100 100 100 100 100 100 100
États-unis 6,0 5,2 5,0 4,6 4,6 4,5 4,3
Europe 11,8 9,6 8,8 7,7 7,1 6,8 6,2
Urss/Russie 7,1 6,0 5,7 2,6 2,4 2,1 1,9
Royaume-uni 1,7 1,4 1,2 1,0 1,0 0,9 0,9
Allemagne 2,4 1,9 1,7 1,4 1,3 1,2 1,1
Japon 3,1 2,7 2,5 2,3 2,1 1,9 1,7
France 1,5 1,3 1,2 1,1 1,0 1,0 0,9
Italie 1,7 1,3 1,2 1,0 0,9 0,9 0,8
Chine 22,0 21,6 21,5 21,1 21,0 20,0 18,8
Inde 14,4 14,5 14,9 15,6 17,2 17,6 17,8
Indonésie 3,1 3,0 3,2 3,3 3,4 3,5 3,5
Brésil 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 2,8 2,8
Mexique 1,2 1,4 1,4 1,5 1,6 1,6 1,7
Espagne 1,0 0,9 0,8 0,7 0,7 0,7 0,6
Turquie 0,9 0,9 0,9 1,0 1,0 1,0 1,1
Corée du Sud 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,7 0,7
Iran 0,7 0,8 0,8 1,0 1,1 1,1 1,1
Afrique du Sud 0,6 0,6 0,6 0,7 0,7 0,7 0,8

Dans ces tableaux les pays sont triés par ordre décroissant d’après leur poids relatif dans la production d’électricité mondiale. On retrouve les sept maximum précédents, avec quatre tris différents en fonction de quatre années de référence : 1960, 1973, 2007 et 2018.

Il en ressort en 1960 un poids écrasant pour les États-Unis : 36,6% contre 12,7% pour l’URSS, 5,9% pour le Royaume-Uni, 5,1% pour l’Allemagne, 5% pour le Japon, 3,1% pour la France et 2,4% pour l’Italie. Dans un tableau établi dans les années cinquante à partir des données de l’ONU, l’on donnait pour 1956, 40% pour les États-Unis et 19% pour l’URSS (1). Un tel poids écrasant pour l’impérialisme dominant donnait une très grande stabilité au capitalisme mondial, car aucun autre impérialiste, pas même l’URSS, ne pouvait remettre en cause la domination de l’impérialisme américain. Les choses ont changé aujourd’hui, car, comme on va le voir, un autre monstre impérialiste est apparu sur la scène mondiale qui s’apprête activement à remettre en cause la domination américaine pour prendre sa place, ou pour le moins repartager le monde en sa faveur. Il s’agit de la chine qui, du point de vue du poids industriel brut a dépassé les États-Unis.

Un autre élément qui apparaît clairement, lorsque l’on passe de cycle en cycle, c’est le déclin relatif continu de tous les vieux pays impérialistes. Ainsi les États-Unis voient leur poids relatif diminuer constamment pour passer de 36,6% en 1960 à 16,7% en 2018. Le vieux lion britannique voit le sien aux mêmes dates passer de 5,9% à 1,2% ! Le Japon passe de 5% à 4%, ce qui reste honorable. Tandis que l’Allemagne passe de 5,1% à 2,4% ! Et la France voit son poids relatif tomber à 2,2%, à parité avec celui de la Corée du Sud, mais se faisant doubler par le Brésil qui voit le sien passer de 1%, en 1960, à 2,3% en 2018, avec une population qui fait plus du triple de celle française. Quant à l’URSS, elle a vu son poids relatif augmenter progressivement jusqu’en 1979, où il atteint son maximum de 15% avant de redescendre doucement à 14,6% en 1989, juste avant l’effondrement. La seule Russie voit le sien passer de 8,2% en 1989 à 4,2% en 2018, presque à parité avec le Japon, dont l’industrie manufacturière a un poids bien supérieur à celle de la Russie et qui est bien plus développé sur le plan technologique.

L’autre changement spectaculaire est l’avancée foudroyante de la Chine qui occupait en 1960 la neuvième place du tableau, derrière l’Italie, avec 2,1%, pour passer à la première place devant les États-Unis avec 26,9% contre 16,7% pour ce dernier et 11,8% pour l’Europe, qui rétrograde de la deuxième place à la troisième. La progression de la Chine, au début est progressive, mais elle accélère nettement à partir de la fin des années quatre vingt dix grâce au considérable flux de capitaux en provenance des États-Unis, du Japon, d’Allemagne, etc. Tandis que les États-Unis et l’Europe sont en récession avec la crise de 2008-2009, la production industrielle continuera de croître en Chine, même si c’est à rythme beaucoup plus lent qu’avant 2008, si bien que son poids industriel dépassera celui des États-Unis à partir de 2011.

Le fait que la Chine soit devenue la première puissance industrielle est confirmé par différents critères dont les données brutes : production d’acier en 2018, 928 millions de tonnes, contre environ 82 millions pour les USA, production de ciment 2207 millions de tonnes, contre 84 millions, etc. Le marché automobiles en Chine est devenu le premier marché mondial avec plus de 26 millions de véhicules vendus en 2021 contre un peu plus de 17 millions aux États-Unis. En 2015, la Chine a produit 24 millions de voitures contre 12 millions pour les États-Unis. Là où les États-Unis possèdent encore une avance c’est dans le secteur technologique et celui de l’armement. Mais dans 10 ans, la situation, tout du moins pour l’armement, sera inversée.

L’avancée des autres pays en développement est moins spectaculaire, elle n’en est pas moins nette : le Brésil, qui occupait la dixième place avec 1%, avance de deux rangs en voyant son poids relatif passer à 2,3% devant la France et la Corée du Sud. L’Inde fait nettement mieux, puisqu’en 1960, elle qui occupait la douzième place avec un poids relatif de 0,9%, saute en 2018 à la quatrième place avec 5,7%, devant la Russie qui ne fait plus que 4,2% et le Japon avec ses 4%. L’Iran, la Turquie et l’Indonésie ne sont pas en reste, car ces pays qui en 1960 ne pesaient chacun que 0,1%, se placent en 2018 juste derrière le Royaume-Uni avec 1,1%.

Le recul relatif de tous les vieux États impérialistes est historiquement normal et inéluctable à mesure que les autres pays s’industrialisent, il n’en reste pas moins spectaculaire. Il faut ajouter que que ce recule relatif est aussi accentué par la chute absolue de la production industrielle à la suite de la crise de surproduction de 2008-2009, car, à part l’Allemagne, aucun des vieux pays impérialistes n’est sortie de cette crise, tous voient leur production inférieure au maximum atteint en 2007 : la France est à moins 10%, l’Italie à moins 20%, l’Angleterre à moins 6% par rapport au maximum atteint en 2000, etc... Donc, sans cette crise leur poids relatif serait un peu plus élevé. Quant à l’impérialisme russe, il peut toujours se saouler de sa propagande, gesticuler et hurler qu’il est une superpuissance, il n’en est pas moins devenu très heureusement une puissance moyenne, qui bientôt ne fera même plus peur aux souris. Et à ce rythme dans 10 ans, en tenant compte des récessions, son poids tombera en dessous des 3,5%.


Le Poids démographique


Là aussi, à mesure que le capitalisme a fait le tour de la planète, le poids démographique des pays impérialistes a décliné. Prenons les États-Unis qui voit le sien passer de 6% en 1960 à 4,3% en 2018. Ce qui reste toutefois honorable si on le compare à celui de la Russie : 1,9% ! A la suite de la terrible crise de surproduction qui a conduit à l’éclatement de l’URSS, qui n’était qu’un conglomérat de nations maintenu artificiellement par la main de fer du Kremlin, la population russe a dramatiquement baissé jusqu’en 2008, elle remontera ensuite progressivement, sans pour autant retrouver son maximum de 148 millions d’habitants de 1993.

Le nouveau grand impérialiste qui se prépare à prendre la place des États-Unis, la Chine, voit aussi sa population diminuer : après avoir atteint un maximum en 1973 avec 21,6% de la population mondiale, son poids diminue doucement, mais régulièrement, pour atteindre 18,8% en 2018.

Autre fait notable, l’Inde, qui représentait 14,4% de la population mondiale en 1960, voit son poids démographique régulièrement augmenter pour atteindre 17,8% en 2018. A ce rythme, d’ici sept ans, son poids démographique dépassera celui de la Chine.

Comme on s’y attendait, les pays en développement voient leur poids démographique augmenter. Par exemple l’Indonésie passe de 3,1% à 3,5%, le Brésil de 2,4% à 2,8%, Le Mexique de 1,2% à 1,7%, etc.


L’intensité industrielle
 

L’intensité industrielle est calculée en divisant le poids industriel par le poids démographique. Ce paramètre montre tout le chemin qui reste à parcourir pour les jeunes pays capitalistes, et par contre pour les pays impérialistes, il montre à quel point le capitalisme y est en état de putréfaction. Tous les vieux pays impérialistes, après avoir atteint un maximum, régressent, ce qui est la conséquence du recul relatif de leur poids industriel. Les États-Unis qui avaient une intensité industrielle de 614 en 1960, a régressé à 389, ce qui reste encore très honorable, car il domine encore très largement tous les autres pays. La Chine, qui a vu son poids industriel augmenter de façon fulgurante, a réussi à dépasser le Royaume-Uni avec un indice de 143 en 2018, contre 141, mais derrière l’Espagne qui fait pratiquement 168. Donc loin derrière les États-Unis.

 
 INTENSITÉ INDUSTRIELLE 
 
  1960 2018
États-unis 614 389
Corée du Sud 9 329
France 207 247
Japon 161 240
Allemagne 210 221
Urss/Russie 179 218
Europe 209 191
Espagne 80 168
Chine 10 143
Royaume-uni 344 141
Italie 147 136
Afrique du Sud 170 126
Iran 11 107
Turquie 13 106
Brésil 41 82
Mexique 38 81
Inde 6 32
Indonésie 2 31

Par contre pour le capitalisme britannique on peut mesurer à quel point il a dépassé son heure et s’est transformé en cadavre qui chemine encore grâce à des artifices impérialistes. Et ce qui est vrai pour la Grande-Bretagne l’est aussi pour les vieux impérialismes européens, américain et russe. Les impérialistes français, japonais allemand et russe sont pratiquement à parité du point de vue de l’intensité industrielle. En prenant comme mesure du poids industriel et donc de l’intensité industrielle l’électricité, les capitalismes français et russe sont avantagés grâce à leur surproduction d’électricité d’origine nucléaire. Disons que la France devrait se trouver derrière l’Allemagne et non pas devant, en ayant une intensité, non pas de 247, mais plutôt aux alentours de 200-210. Et la Russie devrait elle aussi reculer d’un cran entre 170 et 180, plutôt que 190.

Tous les pays en développement ont progressé, mais il leur reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de rejoindre le même niveau que les vieux États impérialistes. Espérons que la révolution communiste internationale leur abrégera le chemin à parcourir. L’Iran et la Turquie, après avoir multiplié leur intensité industrielle respectivement par 9,7 et 8, se retrouvent à parité avec 107 et 106. Brésil et Mexique se retrouvent eux aussi à parité, mais après être partis d’un indice beaucoup plus haut, autour de 40 contre 11 et 13 pour les deux précédents pays, ils se retrouvent derrière ces derniers avec seulement une intensité de 80. Bien qu’ayant un poids industriel supérieur, cela s’explique par leur poids démographique bien plus important que pour l’Iran et la Turquie.

Ce qu’il faut remarquer c’est le très faible indice de l’Inde, 32, à parité avec l’Indonésie, qui s’explique là aussi, malgré son poids industriel relativement important par son énorme poids son poids industriel relativement important par son énorme poids démographique.

Ce panorama nous montre à quel point l’Europe et les États-Unis ont reculé en ne faisant pas leur révolution, tandis que les autres peuples avancent et développent les bases économiques qui leur permettront de passer ensuite à la société communiste, ce qui nécessitera évidemment une révolution.

On voit aussi comment les rapports de forces inter-impérialistes se sont profondément modifiés : la Russie est devenue une puissance secondaire, comme le Japon, qui ne peut s’aligner que sur l’un des deux mastodontes qui restent en piste. Le fulgurant développement de l’impérialisme chinois qui se prépare activement à pousser les États-Unis pour prendre sa place a tout bouleversé. On devrait pouvoir calculer le temps qui nous reste avant que n’éclate le troisième conflit mondial, en calculant le temps nécessaire à la Chine pour dépasser les États-Unis sur le plan de l’armement. A vue de nez disons que nous avons encore une dizaine d’années devant nous. Espérons alors que la crise tant attendue viendra entre-temps tirer le prolétariat international de son état d’abrutissement. Tout dépend de de la Chine, qui jusqu’ici a en grande partie sauvé le capitalisme mondial. Or on assiste en Chine non seulement à un fort ralentissement de l’accumulation du capital, mais à une crise de surproduction dans divers secteur clefs, comme celui du bâtiment. Auquel il faut ajouter un endettement considérable des entreprises et une accumulation de traites douteuses dans les banques. Bref tous les ingrédients pour une terrible crise de surproduction sont aujourd’hui en place en Chine ; il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment.


1 - “Il corso del capitalismo mondiale nella esperienza storica e nella dottrina di Marx”. p.83.