Parti Communiste International



Pandémies du capitalisme et terrorisme anti‑prolétarien

Août 2020


Memento mori

“Souviens‑toi que tu vas mourir” semble désormais devenu la comptine de nos temps modernes dits civilisés et mondialisés par la “grâce” du système de production capitaliste. Entre guerres, catastrophes environnementales, épidémies et crises économiques il nous est rappelé plus d’une fois dans la journée que non seulement nous allons mourir mais que ce ne serait tarder ! La mort plane, la faucille de la dame blanche va s’abattre, et la raison se perd dans la panique et l’angoisse. Le dernier cri est donc la Covid‑19, qu’en France on s’évertue de nommer le Sars‑CoV‑2 (en référence au CoV‑1 de 2009).

Depuis 30 ou 40 ans nous sommes secoués par des maladies infectieuses virales, entre autres calamités, qui parcourent le monde ou restent mystérieusement localisées : épidémies des virus du Sida, d’Ebola, du Zika, d’hépatite C, de grippes aviaires, et autres pandémies virales.

Mais les causes principales de mort sont bien ailleurs. Selon les données de l’OMS de 2018 et de l’INED (1.), chaque année (2016) 56,9 millions de personnes (2.) meurent et plus de 140 millions de bébés naissent. La population globale est de 7,6 milliards en 2019. L’espérance de vie en 2019 est de 63,5 ans en Afrique, 78,7 ans en Europe (3). Les deux principales causes de décès sont les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux qui ont tué 15,2 millions de personnes en 2016 (c’est la façon la plus fréquent de mourir surtout pour les personnes les plus âgées). Les infections des voies respiratoires inférieures (poumons) sont à l’origine de 3 millions de décès en 2016 et la première cause de décès dans les pays à revenu faible. En 2017 l’OMS comptait 650 000 décès (principalement les sujets de plus de 75 ans et individus des régions les plus pauvres dont l’Afrique subsaharienne) associés à la grippe saisonnière. Et si on considère les maladies infectieuses dans leur ensemble, elles tuent 4,3 millions de personnes, surtout dans les pays à revenu faible (infections respiratoires, hépatite, tuberculose, sida, malaria). Rappelons que la mortalité par infections respiratoires dues à des virus comme celui de la grippe et aggravée par la surinfection par des bactéries comme le pneumocoque ne cesse de diminuer depuis 30 ans grâce à l’amélioration de l’hygiène, l’utilisation des antibiotiques, la vaccination contre le pneumocoque,… pour ceux qui le peuvent.

Depuis le 1er mars jusqu’au 7 août 2020, Santé Publique France (organisme dépendant du ministère de la Santé) rapporte 30 324 décès de patients Covid‑19 dans les hôpitaux et les établissements pour personnes âgées dépendantes. L’âge médian des décès est de 84 ans (l’espérance de vie en France est de 82 ans en 2017 !) et 90% ont plus de 65 ans. Les comorbidités n’ont pas toujours été signalées mais celles déclarées constituent 66% des décès. Le nombre de décès de patients Covid‑19 dans le monde depuis le 31 décembre 2019 jusqu’au 7 août 2020 serait de 714 618.

En mai 2020, en pleine épidémie de Covid‑19, on apprenait que la malnutrition tuait 9 millions de personnes par an ! Cela ne causa qu’un petit choc, le “mal” est si loin de la préoccupation de nos petits bourgeois.


Maladies infectieuses, pandémies et mode de production capitaliste

Les maladies infectieuses témoignent de l’interaction de l’espèce humaine avec son environnement, l’écosystème végétal et animal. Le corps humain et son enveloppe extérieur, la peau, abritent plus de bactéries que de cellules humaines, dix fois plus de virus que de bactéries, ainsi que des champignons ou levures et des “minimicrobes”, les archae, dont le rôle est encore à découvrir. Le plus remarquable vient du fait qu’on y trouve “naturellement” des éléments pathogènes, capables de provoquer des maladies graves. Mais tout ce “beau monde” participe à notre biologie : il agit en complémentarité avec notre système de défense immunitaire, notre système digestif qui en contient des centaines de milliards, nos organes génitaux, notre système de protection muqueux et cutané ; et si tout va bien, la “bonne santé”, l’équilibre de l’écosystème humain entre les différents agents se produit dans une agitation continuelle que certains de nos savants qualifient de guerre civile permanente où personne n’est encore vainqueur. Nous communistes, nous parlerions de coopération, de mutualisme, de dialogue, d’intelligence biologique, du mouvement multiple du bios ! Le corps humain est un écosystème.

Les milliers d’espèces de bactéries interviennent dans le processus digestif alimentaire, complémentent notre système de défense immunitaire au niveau intestinal, muqueux et cutané et neutralisent les bactéries et les virus agressifs.

Les virus régulent notre flore bactérienne, participent au brassage génétique humain car ils sont porteurs d’un brin d’ADN ou d’ARN fait de matériel génétique. Les virus existent chez les plantes, les animaux, les bactéries, l’eau de mer, et l’homme. Ils ne possèdent pas la machinerie métabolique pour se répliquer et ont besoin à cet effet de pénétrer dans une cellule, humaine ou bactérienne ou végétal qu’ils vont ainsi parasiter et détruire en s’y multipliant : ses gènes intègrent le génome de la cellule afin de synthétiser ses propres protéines et souvent produit des mutations, des changements de compositions des gènes ; d’où son rôle dans l’évolution comme vecteur de la diversité génétique ; 8% du génome humain dérivent ainsi des virus. L’écrasante majorité des virus n’infecte pas l’homme mais joue un rôle crucial dans son “écosystème” interne.

Tant que le virus ne possède pas la protéine correspondant à un récepteur de la cellule, il ne peut pas y pénétrer ; ou tant qu’il existe un “processus” qui freine sa multiplication dans les cellules humaines quand il y a pénétré, il n’y a pas de “pathologie”. Chez l’homme “non malade”, il “infecte” donc certaines bactéries et des cellules humaines, et participe donc à la régulation des communautés bactériennes et à des évolutions du génome chez l’homme. En effet le matériel génétique, qui a évolué, s’est modifié par addition de nouveaux gènes ou par des changements structurels des gènes, depuis des centaines de millénaires en fonction de l’environnement. Ce processus est inhérent et nécessaire au mouvement de la vie. Les virus ne sont pas toujours les vecteurs de fléaux dévastateurs que l’on connaît. Ils apparaissent même comme des agents indispensables à la création d’une diversité génétique moteur de l’évolution (4). Le matériel génétique qui se trouve dans l’ADN et l’ARN, en propulsant la mécanique de la fabrication de nos protéines, permettront la fabrication des deux autres constituants de la matière vivante, les glucides et les lipides.

En fonction des conditions extérieures, ce formidable “équilibre” peut être bouleversé. Les maladies bactériennes et virales (rage, fièvre jaune, variole, poliomyélite et bien d’autres que l’homme dans son évolution a dû rencontrer) affectent ainsi l’homme, les animaux, et les végétaux depuis des millions d’années et imprègnent les systèmes immunitaires. Depuis l’aube de l’humanité, l’homme a dû se confronter à la nature et aux animaux sauvages, porteurs de virus et de bactéries qu’il ne connaissait pas, et inversement. Et comme le petit enfant s’immunise en se confrontant par des maladies petites ou grandes, aux germes de son environnement, il en fut de même durant toute l’évolution de la matière vivante. La diversité génétique et immunitaire permet tout de même à une partie des individus de ne pas être infectés ou beaucoup moins que d’autres, sinon comment comprendre qu’une pandémie comme la peste au 14ème siècle provoquée probablement par un bacille n’ait tué qu’une partie (entre 30 à 50% de la population européenne (5) des individus, fit des irruptions plus “modérées” les siècles suivants et qu’elle reste aujourd’hui endémique en Afrique.

Sans évoquer le fait que la panique et le stress diminue nos défenses immunitaires, certaines modifications environnementales brutales (un siècle est une chose minuscule pour l’évolution !) vont nous exposer à des agents agressifs contre lesquels notre système immunitaire, variant d’un individu à un autre, doit se défendre. Soit ces derniers proviennent de notre propre microbiote en état de déséquilibre pour des raisons diverses (stress, alimentation défectueuse), soit ils proviennent le plus souvent d’animaux qui nous sont le plus voisins génétiquement, quand l’homme se rapproche de colonies très denses ou d’élevage intensifs (les singes porteurs du virus du sida, du parasite du paludisme, du virus ebola ; chameaux en Arabie Saoudite ; chauves souris en Asie et en Afrique, élevages de poules et de cochons ; la consommation comme en Chine et en Afrique subsaharienne d’animaux sauvages). Car plus le virus, au matériel génétique très instable et mutant, rencontre des quantités importantes d’éléments d’espèce différentes, plus il mute. Ce saut d’une espèce à une autre est conditionné par la proximité et la régularité des contacts pour construire un environnement dans lequel la maladie évolue, environnement produit désormais par l’autocuiseur de l’agriculture capitaliste et de l’urbanisation. L’urbanisation à outrance dans certaines zones, l’hypermondialisation des transports de marchandises et d’hommes expliquent que désormais les épidémies peuvent se transformer en pandémies.

Mais beaucoup de mystères demeurent sur l’apparition des épidémies et surtout leur disparition souvent soudaines. Seule des centres d’observation, de vigilance, de dépistage, de recherche, intéressés uniquement à la santé de l’espèce pourra nous permettre d’avancer, mais le monde capitaliste n’en prend guère le chemin (6)

Ces crises épidémiques qui deviennent désormais des crises sanitaires sont favorisés par les contradictions du système de production capitalisme avec l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage fondé sur le profit, les déforestations et autres dévastations écologiques par des entreprises guidées uniquement par le gain, les dérégulations sur le contrôles sanitaires et alimentaires, l’urbanisation intense des villes et une vie du prolétariat qui se dégrade en raison des conditions de travail de plus en plus délétères dans des usines massives (nous pouvons évoquer le problème des abattoirs, foyers reconnus de Covid‑19), de la dégradation générale des soins de santé de base et des produits alimentaires. Toutes les conditions nécessaires à la transformation de souches virales “sauvages” en pandémies mondiales sont réunies.

Les maladies infectieuses demeurent donc un fléau surtout dans les pays démunis d’un système sanitaire efficient. Mais dans les pays “riches”, les systèmes de santé déclinent désormais à vue d’œil en raison des cures d’austérité entreprises depuis des décennies. La crise économique actuelle, que le confinement exigé par les gouvernements a fortement aggravée, menace le mode de production capitaliste et les prolétaires se préparent à une nouvelle “cure” d’amaigrissement.

Depuis déjà quelques décennies, les maladies infectieuses épidémiques (virales ou parasitaires comme la maladie de lyme) semblent se multiplier. La plupart proviennent du monde animal ; ce sont des zoonoses. L’épidémie exterminatrice promise par des faux prophètes à la solde des bourgeoisies ne doit pas faire perdre le bon sens. Ce n’est pas la nature sauvage qui en est responsable, de nombreuses tribus vivant encore parmi elle : la source de ces maladies se trouve dans des zones naturelles converties en terres agricoles ou en villes faisant cohabiter la “nature” avec l’urbanisation et l’agriculture intensive, et tout cela par la soif capitaliste inextinguible de nouveaux profits. Des forêts, des prairies disparaissent sous la pression des activités humaines, provoquant l’extinction de certaines espèces animales tandis que d’autres prolifèrent (rats, chauve souris) et portent des agents pathogènes qui peuvent passer à d’autres animaux (dont ceux d’élevage) puis aux humains. Les animaux domestiques et d’élevages sont ceux qui partagent le plus de virus avec l’humanité et portent comme les porcs huit fois plus de virus zoonotiques que les mammifères sauvages. L’activité humaine explosive entre ainsi en contact avec des espèces qu’ils n’auraient jamais rencontré sans la destruction des zones naturelles, et donc avec des virus que leur système immunitaire ne connaît pas. Les virus ebola, sida et Covid‑19 prospéraient chez les animaux avant de franchir la barrière des espèces et infecter l’homme, après que leur écosystème ait été altéré par l’activité humaine (construction de routes, de villes, de fermes d’élevage intensif).

Et de l’épidémie, on passe parfois à la pandémie (certaines épidémies restent localisées pour des raisons que la science bourgeoise n’a pas encore élucidées) en raison de l’hystérie des systèmes de communication terrestre des marchandises et des hommes. La mondialisation du système de production capitaliste nous confronte ainsi internationalement à des problèmes sanitaires communs.

Les grandes épidémies ne proviennent pas toutes de Chine, des pandémies humaines se sont produites dans l’Angleterre du 18ème siècle où le capitalisme se développa d’abord dans les campagnes via le défrichement massif pour remplacer les paysans par des monocultures de bétail qui s’infecta avec du bétail infecté importé d’Europe.

L’épidémie de peste bovine en Afrique de 1890 provenait d’Europe qui vivait alors une croissance à grande échelle de l’agriculture ; elle fut importée en Afrique de l’est par les italiens colonisant cette région puis s’est diffusée jusqu’en Afrique du Sud tuant même le troupeau de l’infâme suprématiste blanc Cecil Rhode. En tuant 80 à 90% du bétail, la peste a provoqué une famine sans précédent dans des sociétés essentiellement pastorales de l’Afrique subsaharienne, créant aussi un habitat pour la mouche tsé tsé, limitant le repeuplement de la région et permettant l’expansion des puissances coloniales européennes sur le continent.

La Chine du 20ème et 21ème siècle produit des virus dans un contexte d’explosion de ses activités industrielles avec des conditions de travail insalubres, de destruction des espaces naturels, comme les autres grands capitalismes l’ont connu au 17‑19ème siècle !

La maladie de iyme dont on accuse les tiques, avant de se répandre en Europe, s’est répandue en Amérique du Nord au moment de la déforestation massive des régions du nord‑est américain qui a décimé les animaux, hôtes traditionnels des tiques ; ces derniers se sont adaptés en prenant pour hôtes les humains.


Les virus de la grippe, les coronavirus et l’ignorance des scientifiques

Les virus grippaux sont saisonniers ou pandémiques (plusieurs saisons et de nombreuses zones terrestres sont concernées). La grippe est une zoonose, maladie virale contagieuse par voie respiratoire ou contact cutané et provoquant essentiellement des infections des voies respiratoires supérieures (nez, gorge, bronches) plus rarement pulmonaire dans les atteintes graves (pneumonie, surinfection bactérienne à pneumocoques). Le risque qu’une maladie animale soit transmise à l’homme est rare (ainsi la fièvre aphteuse touche seulement les moutons). Le virus de la grippe infecte surtout les oiseaux, la volaille, et le passage à l’homme se fait souvent par le porc infecté par les oiseaux.

Les virus de la grippe est un virus ARN se caractérisant par une capacité importante à muter,et à intégrer le matériel génétique de plusieurs virus. Une partie des virus de la grippe humaine sont issus de virus mutants (dont les gènes ont été recombinés avec ceux de virus animaux ou de virus grippaux précédents) chez les porcs et les poulets. Ils circulent durant un temps variable allant d’une année à une décennie et disparaissent et peuvent réapparaître ; en hiver dans les pays tempérés et toute l’année dans les pays tropicaux et sub‑tropicaux, mais les épidémies surviennent entre novembre et avril dans l’hémisphère nord, entre avril et octobre dans l’hémisphère sud. La grippe ou influenza est une maladie infectieuse et contagieuse causée par les virus de type A (le plus virulent et à risque pandémique), B, C, D ; elle provoque entre 290 000 à 650 000 décès par an dans le monde, surtout les jeunes enfants, les personnes âgées souffrant de pathologies chroniques. En France, selon l’Institut Pasteur on dénombre chaque année de 10 000 à 15 000 décès (la mortalité de la grippe est de 0,1%) dus à la grippe saisonnière avec 2 à 8 millions de contaminés. Un réseau international de surveillance de la grippe a été créé par l’OMS dès 1947 mais c’est avec la pandémie de 1957 que l’OMS a développé un réseau de surveillance à l’échelle mondiale.

Le coronavirus, dont un nouveau mutant fut en cause dans l’épidémie de Sars de 2002 et de Mers en 2012 en Arabie Saoudite, et en cause dans la Covid‑19, est un virus très courant. Les coronavirus, identifiés en 1965, appartiennent à une très grande famille de virus dotés d’une couronne et d’un ARN qui code pour 7 à 10 protéines. Par les épines de leur couronne, ils adhèrent aux cellules par un récepteur spécifique afin d’y pénétrer pour s’y multiplier. Ils sont très répandus chez les oiseaux et les mammifères et certains peuvent être transmis à l’homme, constituant la troisième cause d’infection respiratoire haute (30% des rhumes) et provoquant aussi des diarrhées. Certains sont donc très banaux, et d’autres très virulents car comme tous les virus à ARN, il présente une variabilité génétique importante avec des recombinaisons. Les variants les plus pathogènes s’attaquent aux cellules pulmonaires provoquant l’asphyxie, et aux cellules des parois des vaisseaux.

Ce virus ne se cultive pas sur les œufs de poule car il tue les œufs embryonnés. Pour fabriquer des vaccins, il faut donc des cultures cellulaires ce qui coûte beaucoup plus cher et est moins efficace : c’est pourquoi on y ajoute un composant à base de cholestérol, stimulant l’immunité, qui est très douloureux lors de l’injection, et deux injections sont nécessaires. Ce modèle va être utilisé lors des épidémies virales suivantes.

 


De la désinformation à la surinformation

Passons en revue quelques épidémies et pandémies des 20ème et 21ème siècles qui mettent en évidence le passage de la non information à la surinformation des risques infectieux dans les années 1980, après la grande crise économique des années 1970 qui conduisit les bourgeoisies mondiales aux politiques d’austérité du pseudo libéralisme économique.


La pandémie de grippe espagnole 1917‑19

Elle fut nommée “espagnole” car seule l’Espagne, non impliquée dans le conflit mondial, publia librement les informations sur cette épidémie, alors que les autres gouvernements utilisèrent la désinformation et le secret militaire pour ne pas instaurer des mesures préventives ! Le virus de cette grippe fut identifié en 1931 chez le porc : le virus A H1N1. Son taux de mortalité élevé fut dû principalement à la malnutrition généralisée, aux conditions de vie insalubres des soldats et de la population, avec des surinfections bactériennes, et toucha surtout les jeunes adultes et les populations les plus pauvres. Sa diffusion fut accélérée par la guerre mondiale. Elle partit des USA en 1917, plus précisément du Kansas où se trouvaient des formes basiques de concentration et de production intensive des élevages de porcs ou de volaille, avant que n’apparaissent dans les années suivantes l’application généralisée de méthodes de production de plus en plus mécanisées. Elle infecta le tiers de la population mondiale par le biais le plus souvent des transports de troupes et fit probablement au minimum 40 millions de morts (les pays les plus touchés furent l’Inde et la Chine), principalement des hommes jeunes. Puis elle disparut de façon inexpliquée. On sait aujourd’hui que la plupart des victimes ne sont pas mortes du virus mais d’une surinfection par une bactérie : pneumonie à pneumocoques que l’on combat aujourd’hui par des antibiotiques et la vaccination anti pneumocoque. Il s’agit bien avec la grippe espagnole qui suivait le massacre de prolétaires lors du conflit, d’un fléau, dramatique et beaucoup plus meurtrier, causée par le capitalisme au prolétariat.


La pandémie de grippe dite grippe asiatique de 1956‑58

Le virus A H2N2 résultait de la combinaison de différents virus grippaux d’origine aviaire, porcine et humaine dont le H1N1 provenant des canards sauvages dans le sud ouest de la Chine. Fut responsable de la mort de plus de deux millions de personnes dans le monde dont 15 000 en France.


3ème pandémie de grippe du 20ème siècle

En effet le virus A H1N1 responsable de la pandémie de 1918 a circulé chez l’homme jusqu’en 1957‑58, quand il a été remplace par le virus A H2N2, qui a causé des épidémies de grippe saisonnière jusqu’à la pandémie de 1968 où un virus A H3N2 a émergé et pris sa place. Le virus circula donc durant onze ans avant d’être supplanté par un nouveau transfert génique en H3N2 qui entraîna la grippe de Hongkong avec le virus A H3N2 (un nouvel hybride) à l’été 1968 - printemps 1970. Partie du centre de la Chine en février 68, disséminée par les transports aériens devenus plus accessibles, elle fit un million de morts dont 50 000 aux USA (automne 1969) et 40 000 en France (hiver 1969‑70). Les hôpitaux furent débordés et pourtant la presse resta modérée et rassurante, n’utilisa pas le terme de pandémie ! L’épidémie passa presque inaperçue. La pratique de la vaccination de masse contre la grippe démarra.

C’est avec les grandes crises économiques des années 75‑82 et le démarrage des grands plans d’austérité au niveau mondial comportant entre autre le démantèlement des systèmes de soin de la population, que démarre aussi l’ère des grandes terreurs épidémiques avec le sida et le scandale du sang contaminé, celle où la “discrétion” n’est plus de mise : experts à la cassandre, procès de “responsables”, médias friands désormais de dénoncer toutes les catastrophes en cours et à venir, panique du bioterrorisme utilisée pour approuver le déclenchement de guerre comme celle en Irak.


La maladie de la vache folle, fin 1980‑90

A débutée en Grande Bretagne, provenait des ruminants nourris avec des farines d’animaux malades. La présence d’une protéine anormale, le prion, par simple contact avec les protéines du cerveau provoquait une dégénérescence neurologique irréversible. La transmission à l’homme fut en fait très faible malgré une modélisation prédisant un million de personnes malades. Par contre le “scandale” permit de mettre en évidence les parcours obscurs des chaînes de production de viande.


Le Sars ou syndrome respiratoire aigu sévère

Survint avec un nouveau virus, le coronavirus, en 2002‑2003, et s’accompagna d’une hystérie médiatique sur le risque de pandémie. Apparue pour la première fois en Chine en 1997, elle réémergea en 2003. Le virus provenait de la chauve souris puis passa à la civette puis à l’homme. L’épidémie toucha 30 pays, contamina 3 000 personnes et en tua 800 (dont aucun en Europe) puis disparut de façon inexpliquée en août 2003.


La grippe aviaire H5N1 (variant du virus A) en 2004

Le virus infecta les oiseaux sauvages (les canards, qui n’en sont pas malades) et domestiques (les poules, les porcs chez, qui le virus est pathogène) et est difficilement transmissible à l’homme. En 1983 l’épizootie sévit en Pennsylvanie et entraîna l’abattage de 17 millions de volailles. Et en 2004, venu de l’Asie du sud‑est, il s’étendit au reste du monde. Il a été présenté comme pouvant provoquer une pandémie humaine par l’OMS qui prévoyait jusqu’au 100 millions de décès parmi plusieurs milliards de malades, ce qui n’est pas arrivé.


La pandémie de grippe avec le virus A H1N1 en 2009, dite grippe porcine

Ce virus grippal, apparu d’abord au Mexique à partir d’élevage de cochons, était un variant H1N1 rassemblant des segments viraux issus de quatre virus d’origine différente : virus de porc nord‑américain, virus de porc isolé en Europe et en Asie, virus aviaire et virus de grippe humaine. Il remplaçait le virus A H1N1 qui circulait avec le virus A H3N2 depuis 1977. Les publications officielles prévoyaient une mortalité extrême. En France l’épidémie fut gérée par le secrétariat général de la défense nationale avec le ministère de l’intérieur au lieu d’une équipe médicale compétente. La grippe H1N1 commencée l’été s’est radicalement arrêtée en décembre alors que l’épidémie de grippe saisonnière commence à cette période. On peut aussi remarquer que la grippe saisonnière début 2020 avec les virus habituels H3N2 et B n’a pas circulé en présence du Covid‑19.


L’épidémie de virus Ebola avec fièvre et hémorragies

Le virus porté par les chauve souris infecta le chimpanzé puis l’homme. Les premiers cas sont apparus en 1976 au Congo mais la flambée a eu lieu en 2014‑16 à partir du Congo puis en Afrique de l’Ouest en 2018. Le taux de létalité était effroyable, de 50% selon l’OMS et en janvier 2015 on comptait 20 000 infectés dont 9 000 morts. La contamination se faisait par les mains – et non par la respiration – et donc lors des rites funéraires. Les modélisations mathématiques et la “communauté internationale” par la voie d’Obama crièrent au risque de pandémie, qui ne survint pas. Certains experts se référèrent même à la grande peste du 14ème siècle. En fait chaque épidémie d’Ebola était liée à des changements d’utilisations des terres lors d’implantations d’usines de coton ou d’agroalimentaire comme l’industrie de l’huile de palme qui déforestent et favorisent les contacts avec les chauves souris, en poussant les agriculteurs à s’enfoncer dans la forêt et à chasser pour survivre les animaux sauvages, et… à être condamnés pour “braconnage” !

En 2010, l’épidémie de choléra en Haïti y fut importée par des soldats népalais de l’ONU. Fin 2012, le coronavirus Middle East Respiratory syndrom (MERS), venu d’Arabie Saoudite, était une zoonose provenant de la chauve souris puis passé au chameau. Mais l’épidémie resta mystérieusement localisée. En 2013 le nouveau virus fut le H7N9 provenant de Chine et infectant les oiseaux et les poulets (élevages industriels), tuant 250 personnes, mais il resta localisé à la Chine.


La pandémie de la Covid‑19

Tout comme le cas de la grippe espagnole, le coronavirus a pu prendre racine et se propager rapidement en raison d’une dégradation générale des soins de santé de base (contemporaine en Chine d’une expansion extraordinaire des infrastructures de briques et de mortier : ponts, routes, et électricité pour la production) et par l’hypercirculation des hommes pour le tourisme et la main d’œuvre – le capitalisme est friand de mains d’œuvre à bon marché. La contamination est respiratoire et par contacts avec les muqueuses buccales.

Elle démarra à Wuhan en Chine continentale en décembre 2019, partant du marché aux animaux où se vendent des animaux sauvages. Le foyer initial aurait été les colonies de chauve souris très importantes dans la région et le passage à un hôte intermédiaire, le pangolin, met prisé en Chine. Wuhan est une région chaude et humide, hautement urbanisée et industrialisée, moteur de l’économie chinoise, et touchée par une crise économique de surproduction avec des mouvements de grèves depuis 5 ans. L’agro‑industrie avec ses élevages industriels se presse contre les bidonvilles périurbains. Ces élevages représentent ainsi une monoculture génétique d’animaux en grande promiscuité, ce qui favorise les mutations virales et donc la survenue de virus infectants l’animal. Les possibilités de variantes virales, de passage à l’espèce humaine, et de nouvelles mutations virales, y sont donc très importantes et donc l’existence de virus plus agressifs pour l’homme. Ceci est le processus également de la grippe aviaire

La mortalité fut très haute au début car les cas testés étaient tous déjà très graves, puis elle passa de 5,6% à 0,5% par an). La contamination est respiratoire et passe aussi par les mains contaminées par contact (la profusion des serrements de mains des politiques explique leur contamination fréquente !). La vague s’étendit ensuite au reste de l’Asie et au monde entier par le biais des transports aériens et terrestres. Mais dans 80% des cas les signes sont modérés et ne nécessitent pas d’oxygène. La mortalité concerne surtout les personnes très âgées atteintes de pathologies et les pauvres.

Si la maladie peut passer inaperçue surtout chez les sujets jeunes, elle peut provoquer au début des signes évoquant une grippe : c’est d’abord une maladie virale à laquelle notre organisme répond par une réponse de défense immunitaire, puis dans certains cas l’immunité du malade s’emballe, surtout si son état de santé est affaibli (obèse, sujet de plus de 65 ans avec des pathologies graves), et se retourne contre ses propres cellules, principalement les cellules de la muqueuse respiratoire indispensable au transfert de l’oxygène respiré aux globules rouges de la circulation sanguine, les transporteurs de l’oxygène, par le biais de l’hémoglobine, aux cellules comme carburant de leur métabolisme pour leur fonctionnement. De même la Covid‑19 provoque une atteinte des parois vasculaires avec un risque de coagulation intravasculaire d’où l’utilisation des anticoagulants. La maladie n’est alors plus virale mais auto‑immunitaire.

On constata qu’elle tua surtout les personnes de plus de 65 ans et parmi elles celles dont l’état sanitaire était déjà très médiocre en raison de pathologies chroniques nécessitant des hospitalisations dans des centres spécialisés devenus depuis plus d’une décennie des mouroirs ; en effet la pratique de ne pas ou peu transférer dans les centres hospitaliers les vieillards nécessitant des soins plus importants est devenue courante depuis des décennies. Et la Covid‑19 a permis de l’identifier clairement.

En juillet‑août 2020 la population est menacée à nouveau de “rentrer à la maison”. Les méthodes les plus importantes auraient dû être le dépistage viral des sujets à risque (retour des zones contaminées, personnel soignant des centres hospitaliers et des centres pour vieillards malades), l’isolement des personnes contaminées, voire le dépistage de masse. Mais le capitalisme manquait de masques, de matériel pour le dépistage viral – tous ces produits étant désormais fabriqués en Chine – de lits de réanimation et de personnel soignant !


On marche sur la tête

La science des épidémies a encore du travail sur la planche. Aujourd’hui on est incapable de savoir quand l’épidémie va arriver, l’été ou l’hiver, quels virus vont circuler, si le nouveau virus sera très agressif ; et quand elle finira et pourquoi. Les pandémies de grippe sont la conséquence de l’apparition d’un nouveau sous‑type de virus grippal A suite à une modification génétique majeure pour lequel la majorité de la population est immunologiquement naïve, comme celles de 1918, 1957 et 1968. Mais en 2009 le nouveau variant ne causa pas la catastrophe prévue, car le passage d’espèce se fit peu.

Sans renier les apports que les mathématiques et les statistiques avec des organismes compétents pourraient apporter à la recherche sur la compréhension et les prévision des épidémies, il faut tout de même noter que depuis quelques décennies, seuls des apprentis sorciers sont les conseillers de nos gouvernants, incapables désormais de s’occuper de santé publique, obnubilés qu’ils sont par la “santé” de l’économie capitaliste !

En effet, les modèles de prévisions à la Nostradamus font désormais rage. Ce sont des modélisations mathématiques avec des équations à multiples inconnues, sans données fiables. Trop de paramètres échappent à nos savants qui sont encore bien ignorants et surtout monovalents pour la plupart, ne se confrontant pas à la réalité du terrain. Les spécialistes du détail, qui ne voient le problème que par le petit bout de la lorgnette, vont en augmentant, perturbant ainsi toute vue d’ensemble du processus !

Jusqu’aux grandes structures polyvalentes qui diminuent, comme les laboratoires de dépistage des maladies infectieuses et de test des médicaments, qui de polyvalents sont désormais confinés à une pathologie, avec des laboratoires en France dits P4 (Précaution maximale 4), de très haute sécurité pour certains germes (ebola, variole, charbon), qui sont désormais dispersés à travers le monde comme, celui de Wuhan en Chine, ce qui retarde en fonction de la distance le résultat de test de dépistage.

Les équipes polyvalentes de recherche fondent littéralement depuis 20 ans et on ne veut plus analyser les faits, tous les faits sans en exclure aucun, mais faire des modèles selon des préjugés, des hypothèses : ils marchent sur la tête… et on retombe dans l’idéalisme !

Sans parler du fait que cette parcellisation de l’énorme “savoir” de cette société hautement “civilisée” fait le jeu des lobby pharmaceutiques qui vendent au prix fort les thérapeutiques les plus sophistiquées mais pas toujours les plus efficaces. Le business, la loi désormais insurmontable de la course au profit, passent avant la santé de la population.

La gestion des maladies contagieuses est de plus en plus calamiteuse : pas de contrôle thermique à la sortie des vols provenant des pays à risques dans les aéroports, fabrication de matériel médicaux et de protection provenant de pays à bas coût de production et donc bien éloignés des lieux d’utilisation, organisation des recueils d’informations chaotique.

Face à l’ignorance de nos scientifiques, le principe de précaution est clamé à tout‑va quand le principe de vigilance (utilisation de systèmes de vigie) et de surveillance de l’émergence de nouvelles pathologies semble dédaigné !

On marche sur la tête. La course au profit mène le monde dominé par le mode de production capitaliste et son irrationalité, faisant sombrer dans le chaos l’intelligence et l’instinct de survie de l’espèce humaine. Le chaos s’accompagne de déclarations prédictives catastrophiques – qui sont des distorsions de la réalité, une réalité qui n’a plus aucun lien avec la réalité physico-chimique – de la part de nos dirigeants appuyés par des pseudo-savants mercenaires des lobby pharmaceutiques, et donc de paniques populaires. Cette panique est utilisée par certains réseaux sociaux et par nos dirigeants pour organiser les outils répressifs, utiles dans la lutte de la bourgeoisie contre les mouvements sociaux politiques.

A noter que durant cette épidémie, le virus de la grippe a peu agi cette année comme si le Covid‑19 avait été un compétiteur victorieux sur la prise des récepteurs cellulaires pulmonaires. Tant d’éléments restent encore incompréhensibles !

Aujourd’hui on a enfin les moyens de tester, mais ces dépistages de masse sont le plus souvent chaotiques et non ciblés, avec des délégués de la sécurité sociale chargés d’investiguer les cas contacts qui sont “débordés”. On constate que le virus circule encore en Europe, touchant plutôt des adultes jeunes sans provoquer de mortalité. On nous annonce l’interdiction des rassemblements et donc des manifestations politiques !

La calamité n’est pas seulement la Covid‑19 mais surtout l’incompétence sanitaire de nos dirigeants qui s’orientent non pas selon l’intérêt de la santé de leurs concitoyens mais selon celui du capital, assoiffé de profit et désormais pris à la gorge par le gouffre de la crise économique dont le confinement a profondément aggravé la hauteur. Les mesures d’austérité repartent de plus belle.

Mais la grande peur de la bourgeoisie, ce n’est pas Covid mais la révolte qui gronde un peu partout dans le monde ! Seul le prolétariat mondial, armé de ses organisations économiques et de son Parti de classe, est en mesure d’œuvrer à la destruction du mode de production capitaliste, mortifère et criminel, et de le faire accoucher de la société communiste – dont les bases sont présentes depuis plus d’un siècle – par la force et la dictature. Creuse vieille taupe !

 

 

 


1. L’Institut national démographique.

2. Notre Planete,selon les chiffres tirés de l’INED et de l’OMS

3. Selon World Population Prospects de l’ONU en 2019.

4. Les travaux scientifiques sont multiples sur le sujet. Nous nous référons ainsi à celui paru dans Nature Review Genetics du 16 mars 2012 référencé dans un article du Monde du 28 mai 2012 intitulé : “Les humains sont apparentés aux virus”

5. On peut noter que le début du 14ème siècle en Europe fut marqué par des famines liées à une surpopulation et une récession économique qui fut aggravée par l’épidémie. La maladie se propagea de l’Asie à l’Afrique puis à l’Europe par le biais de la route de la soie et des guerres.

6. En France, il n’y a plus désormais qu’un seul centre IHU spécialisé dans toutes les maladies infectueuses, l’institut Pasteur s’étant spécialisé dans la recherche fondamentale pour les lobby pharmaceutiques.