Parti Communiste International
 
Prométhée enchaîné

Voici un texte de 1946 écrit dans notre revue italienne “Prometeo” n° 4, 1946 (Prometeo Incatenato), et qui n’a rien perdu de sa pertinence en ces temps de crise économique et de luttes sociales au niveau mondial, en montrant comment et pourquoi le prolétariat, Prométhée moderne, doit rompre les chaînes qui le lient au char bourgeois de l’exploitation et de l’oppression.

 

La succession rapide et contradictoire des événements politiques ne suscite en retour aucune tentative d’explication réelle de ces derniers, alors que la presse de toutes les couleurs se donne la peine de mettre en lumière des faits et historiettes en fonction plus ou moins nette d’intérêts particuliers, mais avec l’intention en substance de polariser les regards désormais distraits sur le déroulement apparent des événements eux‑mêmes.

Cela nous semble tout à fait logique autant pour les groupements de « droite » que pour ceux de « gauche » de la société bourgeoise. Aussi bien si l’on tient compte de leur volonté consciente de « distraire » l’adversaire, que si l’on considère leur conception générale, instinctive par nécessité des faits et des « actes » humains, politiques, économiques…

On ne peut d’autre part nier que cette présentation continuelle des frictions entre Etats, des jeux diplomatiques, de luttes acharnées entre partis, d’escarmouches parlementaires ait un effet de soutien vigoureux à l’action plus concrète découlant des rapports de force effectifs, de l’élimination du prolétariat de la scène politique actuelle.

Quant à nous, il nous appartient évidemment de faire le point sur les situations politiques et pas seulement en clarifiant les grandes lignes sur lesquelles se déroulent les processus sociaux, mais aussi en recherchant les événements dont il est nécessaire de déceler la fonction réelle par la stricte application de la méthode marxiste, afin d’armer notre expérience idéologique et politique de la claire vision du devenir historique sous tous ses aspects.

Nous venons de mentionner l’élimination du prolétariat de la scène politique comme point focal autour duquel se dessinent les divers aspects des luttes politiques. En réalité, ceci est le fait nouveau, fondamental et caractéristique du stade moderne de développement de la société qui, après avoir vu marcher ensemble la bourgeoisie et le prolétariat dans la période de leur affirmation révolutionnaire sur la précédente structure féodale, après avoir vu l’âge d’or du développement de l’économie capitaliste, l’affirmation graduelle de l’organisation du prolétariat a fini par voir un développement des conditions économiques, sociales et politiques qui ont mené soit à la révolution communiste, et donc à la dictature du prolétariat, soit à la violente réaction et à la dictature bourgeoise-fasciste.

En d’autres articles de Prometeo on a tiré au clair la nécessité historique de ces diverses phases de la société bourgeoise ainsi que la nature du fascisme et sa fonction de dépassement de la structure dite démocratique. Ce qui importe là, c’est bien de voir la particularité d’aspects déterminés de l’organisation de la société actuelle qui, parallèlement ont mis de côté le prolétariat, lui enlevant sa force en actes pour ne lui laisser désormais que la force de son énergie potentielle, c’est‑à‑dire la menace représentée par son éventuelle reconstitution en classe, donc en parti de classe. En somme, dans la période qui a suivi immédiatement la première guerre mondiale, la croissance des forces prolétariennes, d’abord contenue et idéologiquement et organisativement immature, a été amorcée concrètement par la constitution et l’action de l’Internationale et des partis communistes comme solution révolutionnaire des conflits du système de production capitaliste.

Le parti du prolétariat – en cohérence avec sa conception de la lutte de classe, avec son intransigeance révolutionnaire et une juste interprétation des rapports entre situations objectives et interventions subjectives – en est venu pour la première fois à adopter une structure organisative militaire dans la lutte politique.

La bourgeoisie, comprenant qu’elle doit aussi développer son action dans ce sens, retourne contre le prolétariat l’arme que celui‑ci avait employée dans l’histoire et en multiplie les moyens et les capacités.

L’affirmation des Etats fascistes est le signe explicite de cette phase ; peu importe le fait que les bourgeoisies les plus fortes aient évité de recourir à cette défense extrême, limitant leur réaction aux possibilités révolutionnaires réduites. Le principe organisatif passait automatiquement aux mains de la classe dirigeante dans chaque pays et faisait pression sur le prolétariat avec autant d’efficacité que dans les pays fascistes.

On en vient ainsi à une situation dans laquelle les conflits inhérents au système de production capitaliste ont atteint un point critique sans produire toutefois en parallèle la crise politique révolutionnaire parce que la bourgeoisie révisant constamment l’adéquation de ses systèmes organisatifs, a parfaitement réussi à l’éviter.

L’exaspération des conflits sociaux ne permet plus dans certains pays que s’expriment les forces de classe du prolétariat, expression qui, pour d’évidentes nécessités objectives, ne se prêterait plus à des solutions réformistes et ne pourrait être que révolutionnaire visant à la conquête violente du pouvoir. C’est pourquoi le prolétariat devait être éliminé comme classe et l’on y est arrivé aussi bien dans les Etats fascistes que dans ceux démocratiques.

L’élimination s’est faite naturellement par l’insertion des masses prolétariennes dans le processus de la classe adverse. Les Etats fascistes sont allés au peuple avec les institutions corporatives ; ceux démocratiques avec les partis communistes et socialistes. Cette insertion a été facilitée par la présence et l’action de « l’Etat prolétarien » russe (1). Mais, s’il y avait un quelconque intérêt à raisonner avec des si, il n’est pas dit que les choses auraient eu un résultat substantiellement différent si « l’Etat prolétarien » n’avait pas eu un effet contre-productif sur l’accroissement des forces prolétariennes. Toutefois on peut avancer l’hypothèse que les partis communistes restés sur des bases révolutionnaires, en cas de défaite, soit auraient été mis violemment dans l’illégalité, comme cela eut lieu avec l’avènement de l’Etat fasciste, soit auraient perdu leurs possibilités déterminantes dans l’engrenage politique actuel (par opposition à potentiel), comme on l’a vu en général et comme on le voit aujourd’hui dans les pays démocratiques chez les communistes internationalistes, confiant aux seuls socialistes la tâche de convoyer les masses prolétariennes sur le terrain de la classe bourgeoise.

L’examen des faits et des événements politiques saillants de l’évolution sociale moderne nous permet de reconnaître l’absence de toute autonomie du prolétariat face à une bourgeoisie qui est organisativement très solide et qui manœuvre à son gré pour provoquer volontairement l’impression tout à fait illusoire que les forces prolétariennes interviendraient dans le déroulement des situations politiques.

Il y a tout un jeu complexe que la bourgeoisie a créé, tout un maillage très habile autant qu’instinctif parce qu’il dérive de la dialectique des rapports de force entre les classes qu’il faut démonter et démasquer non, évidemment, par un pur goût de la vérité, mais parce que dans ce jeu elle tenaille le prolétariat avec la complicité de « ses » partis et parce qu’il doit en être libéré si l’on veut qu’il soit en mesure d’affronter les armes que la bourgeoisie lui préparera pour survivre à la nouvelle crise qui peut‑être à brève échéance la renversera.

Que l’on pense à la facilité avec laquelle le capitalisme a liquidé le fascisme : seule une énorme puissance et une imposante structure organisative pouvaient permettre ces changements de scène avec tant de fraîcheur, si l’on considère que les régimes renversés avaient surgi précisément comme remède extrême à des crises sociales que les capitalismes nationaux isolés n’étaient pas en mesure d’affronter autrement. Et l’on a fait participer à la transformation un prolétariat satisfait (2), parfaitement aligné dans la croyance de poursuivre ses propres buts.

C’est dans cette puissance incontestée du capitalisme qu’il faut faire rentrer les mille événements de la politique actuelle.

Cette époque est celle des élections : la France en un peu plus d’un an a appelé huit fois aux urnes ses citoyens ! Le phénomène spécifique des élections est le suivant : on a souvent des parlements à dominante de « gauche » qui font naître régulièrement des gouvernements de « droite ».

Le mécanisme parlementaire avec les régimes fascistes subit des transformations, surtout formelles, et son fonctionnement est manifestement dirigé par les organes gouvernementaux, alors que dans les pays démocratiques son contrôle total par la classe dirigeante se produit par l’intermédiaire des possibilités capillaires très solides qu’assurent à cette classe une robuste structure organisative et une longue tradition de pouvoir.

La bourgeoisie peut tranquillement se permettre d’avoir un parlement « de gauche » tout en conservant l’appareil dirigeant et gouvernemental de droite : le tour de passe-passe eut lieu en Italie en 1922 quand Mussolini alla au gouvernement avec au parlement 81 fascistes et une majorité socialiste ; comme en France en 1924 quand Herriot fut tranquillement expédié par Poincaré, comme en Belgique en 1925 quand Vandervelde et Poulet furent supplantés par la droite.

Et l’on ne s’arrête pas là, car la bourgeoisie a dépassé ce stade et se paye le luxe d’avoir des gouvernements « de gauche » auxquels elle fait appliquer tout naturellement des programmes « de droite ». Nous l’avons en Angleterre avec les travaillistes ; ces derniers jours en France se dessine la possibilité de les avoir avec les communistes ; nous les avons sous forme « mixte » en Italie et désormais presque dans chaque pays d’Europe.

Cela se produit aussi grâce à la transformation des partis du prolétariat totalement asservis à la classe bourgeoise du fait de la pénétration opportuniste qu’elle y a faite, mais, ce qui importe surtout, c’est ce qui se produit fondamentalement par la force politique et organisative, nationale et internationale de cette classe.

Les prolétaires ne sont pas trompés, comme il est usage de dire ; ils n’élisent pas leurs représentants au parlement en pensant qu’ils se comporteront diversement de ce qu’ils feront en réalité ; ils savent très bien que ce comportement est nécessaire en ce moment, comme demain ils continueront tranquillement à penser qu’un nouveau comportement, en réalité tout aussi ruineux, sera nécessaire à cet autre moment. Il y a en substance une déviation fondamentale imprimée par la bourgeoisie au prolétariat et qui dans ses aspects les plus récents suit une ligne d’affirmation progressive depuis l’après-guerre 1918 jusqu’à aujourd’hui. Les vrais représentants des intérêts bourgeois au parlement, et même au gouvernement quand c’est nécessaire, ce sont les « représentants » de ce prolétariat qui revendique pour lui les organes de domination sur lui‑même.

Calquer sur la situation d’aujourd’hui le schéma d’un passé lointain est une erreur, car il ne s’agit pas ici d’une démarche de rapprochement, même contrôlée par la bourgeoisie au moyen d’un gradualisme réformiste visant à conquérir des tremplins déterminés pour le moment où éclatera la crise du système capitaliste et donc parallèle à un développement économique encore incapable d’exprimer objectivement des forces révolutionnaires ; il s’agit là au contraire d’un processus qui a certes ses bases économiques, mais qui les a en tant que nécessité de surmonter la crise (en réalité de la prolonger autant que possible), et ces bases économiques ont conduit le régime capitaliste au bord d’une économie de guerre (3), c’est‑à‑dire d’une économie qui en produisant pour la guerre réussit à éviter l’éclatement d’une surproduction que la guerre – et elle seule – peut absorber : à cette économie, si l’on peut dire non‑naturelle, produit artificiel et désespéré de la volonté de survie d’un système, correspond et fait pendant le perfectionnement organisatif dont nous avons parlé et grâce auquel on obtient une inversion du processus naturel consistant en l’absorption même organisative des masses au sein de la bourgeoisie.

Les masses prolétariennes prises dans cet engrenage grotesque par lequel, en leur nom, on applique contre elles toutes les mesures et protections capables de garantir au mieux la prédominance de la classe adverse, ne peuvent que soutenir « leurs » gouvernements « de gauche » en exprimant le détournement par une affirmation qui est le fruit de toute l’évolution des rapports politiques sous la conduite stricte de la bourgeoisie, à savoir l’affirmation que « la droite ferait pire ».

Il ne s’agit plus, comme on l’a dit, d’une simple tromperie, parce que toutes les positions sont renversées et la vigueur par laquelle ce renversement a été imposé est le produit direct des nécessités inéluctables de conservation du capitalisme ; si l’on ne comprend pas cette totale métamorphose organisative, il est impossible de mettre en lumière tout ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux.

Parmi les spectacles les plus récents, nous avons eu celui de Trieste (4). Que Trieste soit l’objet de disputes entre les puissances orientales et occidentales pour des raisons exclusivement impérialistes, nul ne le met en doute. On pourrait penser que la bourgeoisie devrait faire des efforts miraculeux pour persuader « les peuples » qu’il y va au contraire de questions surtout spirituelles, ethniques, morales… afin de mettre tout le poids de l’opinion publique sur la balance internationale. Mais non, la bourgeoisie ne se gêne pas outre mesure pour employer cette terminologie. Un seul ordre aux instruments organisatifs intéressés à l’affaire et Trieste se trouve immédiatement portée à l’attention des masses dans un sens ou dans l’autre comme un problème en harmonie parfaite avec leurs intérêts, leurs aspirations. La revendication qui, jusqu’à un moment déterminé, était le propre des « sphères réactionnaires et conservatrices », devient d’un coup, sans préambule, l’objet de la volonté et de l’action « nationale » du prolétariat. Tranquillement, sans crainte d’aucune réaction, Togliatti peut affirmer dans un discours aux cadres de son parti, avoir plusieurs fois conseillé à De Gasperi, à propos de Trieste, de ne pas se tourner vers l’Occident où il aurait trouvé seulement de bonnes paroles, mais vers l’URSS et la Yougoslavie qui auraient compris les motifs nationaux de l’Italie.

Loin de se cacher, on aiguillonne tout bonnement le jeu des affirmations nationalistes. Celles‑ci, en parallèle, sont avancées sous la direction omnipotente des grands Etats impérialistes qui ont en définitif entre leurs mains la force suprême ordonnatrice et gouvernante de tout le problème organisatif que nous avons tracé.

Les furieux nationalismes serbe, croate et slovène sont absorbés par le nationalisme yougoslave qui fut d’abord couvé par l’impérialisme anglais, puis, avec l’accord de ce dernier, est entré dans la sphère russe. Les affirmations nationalistes yougoslaves dans la compétition pour Trieste atteignent une extrême tension, puis de but en blanc les intérêts du nationalisme « supérieur » imposent à l’inférieur un changement de cap avec une facilité égale à celle qui s’impose à une quelconque direction donnée au prolétariat. La Russie a besoin pour ses objectifs impérialistes que le nationalisme yougoslave renonce à Trieste. Et tout cela, sans la moindre secousse, doit obéir à celui qui tient en main cette force formidable partagée désormais entre de rares Etats surpuissants et maîtres du monde.

L’Amérique qui a envahi avec ses troupes et sa domination directe ou indirecte la moitié du monde, se déclare défavorable au gouvernement de Franco en Espagne, mais affirme que le problème relève de la compétence exclusive du peuple espagnol. Ainsi l’on obtiendra le double résultat de laisser Franco à sa place et de donner au peuple espagnol, quand il se sera fait massacrer sans pitié et si cela s’avère profitable, le gouvernement démocratique qu’il réclamera lui‑même pour se faire opprimer à nouveau et plus fermement encore.

En Italie, pendant que Nitti illustre savamment les trois phases de renaissance de la bourgeoisie italienne où une phase critique de trois à quatre mois nécessaire pour donner à l’Etat les moyens suffisants pour couvrir les dépenses indispensables, sera suivie d’une phase de huit ans pour la renaissance sur des bases économiques et financières précises, puis une troisième lorsque, une fois ouverts les trafics et les échanges internationaux, nous aurons aussi à payer les réparations, la Confédération Générale du Travail rassure le gouvernement sur la contribution des travailleurs au succès de l’emprunt. Les travailleurs ne se contentent plus de diriger l’instrument de leur oppression, de l’alimenter comme ils le font substantiellement, eux et eux seuls, mais ils veulent aussi l’appuyer directement parce que la bourgeoisie parfois est …stupide et avare quand il s’agit de donner à l’Etat les instruments qui servent exclusivement à le défendre contre les prolétaires. Et cela, les prolétaires ne le veulent pas et ils compenseront ces inconvénients…par leur fourberie.

Tout cela se greffe sur la nouvelle fonction de l’Etat qui, face au développement de l’économie et des rapports sociaux connexes, a des besoins différents de ceux d’hier.

Si les inévitables contradictions du système productif et capitaliste ont atteint un tel degré de maturation qu’il devient impossible pour l’Etat de laisser vivre un parti de classe du prolétariat, il est du reste naturel, vu tout ce que nous avons dit sur la « conquête » par les masses des organes de leur domination, que le capitalisme a tout intérêt à enlever à l’Etat l’apparence extérieure de son mandataire. La responsabilité de l’Etat se dédouble, ce qui permet d’éviter que se polarise la fonction révolutionnaire du prolétariat, rôle de dédoublement qui est justement exercé par les partis de masse.

Les masses sont simplement appelées à participer à la vie de l’Etat et le jeu continuel de ricochets entre les partis politiques est leur pain quotidien qui savamment administré donne vie à cette inversion monstrueuse.

Dans la nouvelle structure organisative toutes les forces du capitalisme sont réellement engagées et les intérêts impérialistes qui déterminent les mouvements sur l’échiquier politique ont une dynamique en parfaite harmonisation avec la nécessité de lier les masses à la fonctionnalité de l’Etat.

En ce sens la nouvelle démocratie perfectionne le système précédent qui était seulement administratif.

Conformément à cette orientation se détermine la tâche du parti de classe du prolétariat qui ne saurait corriger ou exploiter les organisations existantes, syndicales (5) ou politiques, car elles sont l’engrenage organique de l’Etat. Il ne peut que violemment les détruire.



1. On met entre guillemets « Etat prolétarien », car la contre-révolution stalinienne de 1926 exprime les forces bourgeoises qui se sont développées en Russie à la suite de la formidable expansion du capitalisme d’État à partir de 1921. Ces forces contre-révolutionnaires n’ont pas pu être contenues et ont tout emporté sur leur passage. La contre-révolution stalinienne a signifié la retombée de l’État russe au niveau purement bourgeois et le retour au chauvinisme et à l’impérialisme grand russe. Les Bolcheviques, avec Lénine, savaient que ce risque existait si la révolution communiste échouait en Europe de l’Ouest, en particulier en Allemagne qui était la clef de la révolution européenne. Les staliniens dans toute l’Europe mèneront une chasse active, en allant jusqu’à l’assassinat, à tous ceux qui se maintenaient sur une position communiste révolutionnaire. Le pire est que cette contre-révolution s’est faite au nom du socialisme, répandant au sein des masses prolétariennes une confusion plus grande encore, que ne l’avait fait la social démocratie.

2. Exactement comme le prolétariat, encadré par la social-démocratie, a collaboré activement à la première guerre mondiale. La défaite du prolétariat révolutionnaire dans les années vingt provient justement de cette collaboration active, pendant 5 ans, à cet immonde massacre entre prolétaires au nom de la défense de la patrie.

3. En 1946 les Etats‑Unis sont depuis 3 ans en pleine récession. Par rapport au maximum atteint en 1943, la production industrielle a chuté de 29%! La guerre a été une formidable affaire, mais la fin de celle‑ci signifie pour le capitalisme américain le retour des crises cycliques de surproduction. Les autres en sont à la reconstruction : la production industrielle n’arrive pas alors à suivre la demande. La guerre en rajeunissant la composition organique du capitalisme mondial assurant trente ans de croissance sans crise de surproduction internationale. Ces dernières resteront limitées aux Etats‑Unis et à l’Angleterre. On a là la base économique, avec la deuxième guerre mondiale qui a éliminé toute force révolutionnaire au sein du prolétariat, de la contre-révolution. C’est seulement aujourd’hui, 70 ans plus tard, alors que le capitalisme mondial est maintenu artificiellement en état de survie grâce aux interventions des banques centrales, que s’annonce une prochaine reprise de la lutte de classes et un retour du prolétariat sur le chemin du communisme révolutionnaire. Durant toute cette période le prolétariat continuera à se battre, mais seulement sur le terrain syndical pour acquérir de meilleures conditions de vie, tout en étant bien encadré par l’opportunisme, stalinien et social démocrate, pour empêcher toute remise en cause du système. Les revendications des masses prolétariennes se limitent alors au pain et à la paix.

4. A l’issue de la deuxième guerre mondiale, fut créé par une décision du conseil de sécurité des Nations Unies de janvier 1947 le territoire libre de Trieste, à cheval entre l’Italie et la Yougoslavie (Croatie actuelle), placé sous le contrôle de l’ONU.

5. Le mot d’ordre de notre parti sera alors encore de rester dans les syndicats réformistes ayant une tradition de lutte de classe, comme la CGT. Mais la perspective posée par le parti à cette époque, dans un avenir encore lointain, sera ou reconquête à coup de triques des organisations syndicales existantes, comme la CGT, ou renaissance en dehors et contre de nouveaux syndicats de classe permettant l’action révolutionnaire du parti. Ce qui présuppose le retour de la lutte de classes.