Parti Communiste International

SUR LA MÉTHODE DIALECTIQUE
APPENDICE AUX “ÉLÉMENTS DE L’ÉCONOMIE MARXISTE” (1)


Les quelques considérations développées ici sont un rappel des concepts connus suivis par Marx dans les exposés économiques et historiques sur la méthode dialectique. Elles se veulent être un point de départ en vue de recherches plus vastes sur un thème qu’il n’est pas correct d’appeler Philosophie marxiste ou Partie philosophique du marxisme. Un tel titre contredirait la claire énonciation d’Engels: «Le matérialisme dialectique n’a plus besoin d’une philosophie qui se tient au dessus des sciences. Tout ce qui reste de la philosophie développée jusqu’à ce jour est la doctrine de la pensée et de ses lois: la logique formelle et la dialectique. Tout le reste passe dans la science positive de la nature et de l’histoire».

De même que l’on a trait‚ les phénomènes physiques au moyen de la recherche expérimentale, et non plus à partir des données de la révélation et de la spéculation, remplaçant ainsi la "philosophie naturelle" par les sciences, ainsi les faits du monde humain (économie, sociologie, histoire) ont été à leur tour traités par la méthode scientifique éliminant toute prémisse arbitraire de lois transcendantes et spéculatives.

Puisque la recherche scientifique et expérimentale positive n’aurait aucun sens si elle se limitait à trouver les résultats sans les transmettre ni les communiquer, les problèmes de leur exposition ont la même importance que ceux de leur recherche. La philosophie pouvait être un produit individuel, du moins dans la forme; la science est un fait d’activité collective.

La méthode de coordination et de présentation des données par l’usage du langage, comme des autres mécanismes symboliques plus modernes, constitue donc aussi pour les marxistes une discipline générale.

Toutefois cette méthode diverge substantiellement de celle des écoles philosophiques bourgeoises modernes, qui, dans leur lutte critique contre la culture religieuse et scolastique, parvinrent à la découverte de la dialectique. Pour elles, comme surtout chez Hegel, la dialectique vit, se trouve et se découvre dans l’esprit humain par des actes de la pure pensée, et ses lois, avec toute leur construction, préexistent à la confrontation du monde externe, tant naturel que historique.

Pour les matérialistes bourgeois, le monde naturel matériel existe ainsi avant la pensée qui l’étudie et la découvre; mais ils leur manquent la force d’atteindre la même hauteur dans les sciences de la société humaine et dans l’histoire, de saisir, dans le même monde matériel, l’importance du changement continuel.

Comme nous y avons déjà fait allusion en note aux Éléments de l’Économie Marxiste, l’étude que nous envisageons, que l’on ne peut appeler philosophie du marxisme, pourrait être intitulée: Marxisme et théorie de la Connaissance.

Une étude similaire devrait d’un côté développer les thèmes fondamentaux fournis par Engels dans l’Anti‑Dühring et par Lénine dans Matérialisme et Empiriocriticisme, en liaison avec les résultats scientifiques successifs à l’époque des deux classiques; d’un autre côté, elle devrait s’opposer à la tendance dominante dans la "pensée" contemporaine qui, pour des raisons de classe, bataille contre la dialectique déterministe dans les sciences sociales, et prétend s’appuyer sur les récentes conquêtes des sciences de la nature physique pour rejeter le déterminisme en général.

Il faut donc avant tout que les militants marxistes s’orientent sur l’importance de la dialectique, celle‑ci affirmant que les mêmes lois et connexions valent aussi bien pour la présentation des processus naturels qu’historiques. Elle nie toute présupposition idéaliste, comme par exemple la possibilité‚ de trouver dans la tête des hommes (ou de l’auteur des "systèmes") des règles irrévocables sur lesquelles s’appuierait la recherche dans n’importe quel domaine. Elle voit, de façon causale, les conditions physiques et matérielles de la vie de l’homme et de la société déterminer et modifier sans cesse le mode de sentir et de penser. Mais elle voit aussi, dans l’action de groupes d’hommes, placés dans des conditions matérielles analogues, des forces qui influencent la situation sociale et parviennent à la modifier. On trouve là le véritable sens du déterminisme de Marx. Un "parti de classe", et non pas un apôtre ou un illuminé, peut, dans certaines situations historiques, "trouver", non pas dans la tête, mais dans la réalité sociale, les lois d’une formation historique future qui détruira la formation actuelle. Dans toutes les fameuses énonciations – «la théorie qui s’empare des masses et devient une force matérielle»; «le prolétariat est l’héritier de la philosophie théorique allemande»; «il s’agit de changer le monde au lieu de l’interpréter comme l’on fait les philosophes jusqu’ici depuis des siècles» –, est donné le contenu positif et réaliste de la méthode, et il s’en suit en toute cohérence le rejet impitoyable de la thèse suivante: par des opérations purement mentales, il est possible d’établir les lois auxquelles tant la nature que l’histoire sont "obligées" de se soumettre.

Il n’y a donc rien de mystérieux ni d’eschatologique dans le passage de la nécessité à la volonté révolutionnaire, de la froide analyse de ce qui est arrivé et de ce qui advient à l’appel au "combat violent".

Le vieil équivoque longtemps entretenu est éliminé à la lumière des textes et rappels sur le cours historique des recherches et des études de Marx et d’Engels, dont nous revendiquons la construction claire et cohérente. Celle‑ci est défendue à la lumière des données les plus récentes, tant dans le domaine naturel que social, échappant aujourd’hui plus que jamais à la pédanterie métaphysique et au romantisme idéaliste, et devenues plus que jamais explosives et révolutionnaires.

Nous donnerons donc sur tout ceci quelques données élémentaires qui se rattachent au passage bien connu du Capital (avant dernier alinéa de l’avant dernier chapitre) où est citée la "négation de la négation" pour confirmer la succession: artisanat – capitalisme – socialisme, sujet qui fut l’objet d’une très vive polémique d’Engels contre Dühring.


DIALECTIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

Dialectique signifie liaison, c’est à dire relation. De même qu’il y a une relation entre objet et objet, entre événement et événement du monde réel, de même il y a une relation entre les reflets (plus ou moins parfait) de ce monde réel dans notre pensée, et entre les formulations que nous employons pour le décrire, et pour emmagasiner et utiliser pratiquement la connaissance que nous en avons acquise.

Notre mode d’exposer, de raisonner, de déduire, de tirer des conclusions peut être donc guidé et ordonner par certaines règles qui correspondent à une interprétation heureuse de la réalité. Les règles constituent la logique en ce qu’elles guident les formes du raisonnement; et dans un sens plus large elles constituent la dialectique en ce qu’elles servent de méthode pour relier entre elles les vérités scientifiques acquises.

Lorsqu’en partant de notre mode de formuler certains résultats tirés de l’observation du monde réel, nous voulons arriver à énoncer d’autres propriétés que celles déduites, logique et dialectique nous aident à parcourir un chemin qui ne soit pas erroné. Si de telles propriétés se vérifient expérimentalement, cela signifiera que nos formules et notre mode de les transformer était suffisamment exact.

La méthode dialectique s’oppose à celle métaphysique. Cette dernière, héritée d’un mode tenace et vicié de formuler la pensée, dérive des conceptions religieuses basées sur la révélation dogmatique; elle présente les concepts des choses comme immuables, absolus, éternels, et réductibles à quelques principes premiers, étrangers les uns aux autres et ayant une espèce de vie autonome. Pour la méthode dialectique non seulement toutes les choses sont en mouvement, mais dans leur mouvement elles s’influencent réciproquement, si bien que leurs concepts, à savoir leurs reflets dans notre esprit, sont entre eux reliés et connexes. La métaphysique procède par antinomie, c’est‑à‑dire par des termes absolus qui s’opposent mutuellement. Ces termes opposés ne peuvent jamais se mélanger ni se rejoindre; de leur liaison rien ne peut surgir de nouveau qui ne soit réductible à la simple affirmation de la présence de l’un et de l’absence de l’autre, ou vice versa.

Pour donner un exemple, dans les sciences naturelles on oppose métaphysiquement le repos au mouvement: entre les deux états, il n’y a pas de conciliation, en vertu du principe formel de contradiction que ce qui est au repos ne se meut pas, et ce qui se meut n’est pas au repos. Mais déjà l’école hellénique avait démontré avec Zénon l’erreur d’une telle distinction qui paraissait si sûre: la flèche en mouvement, tandis qu’elle passe par un point de sa trajectoire, est au repos en ce point, et donc ne se meut pas. Les prétendus sophismes étaient des démonstrations de la possibilité de concilier les contraires: repos et mouvement. C’est seulement en décomposant le mouvement en une infinité d’éléments punctiformes de temps et d’espace que sera possible aux mathématiques infinitésimales et à la physique moderne, non aveuglée par la méthode métaphysique, de résoudre les problèmes du mouvement non rectiligne et non uniforme. On considère aujourd’hui que le mouvement et le repos sont des termes relatifs et que le repos et le mouvement absolus n’ont aucun sens.

Autre exemple: pour l’astronomie des métaphysiciens, tous les corps célestes, outre la sphère de feu, sont immuables et incorruptibles. Les dimensions de leur forme et de leur mouvement resteront éternellement égales à elles‑mêmes. Les corps terrestres sont au contraire transformables et corruptibles de mille façons. Il n’y a pas de conciliation possible entre les 2 parties opposées de l’univers. Au contraire nous savons aujourd’hui que les mêmes lois évolutives valent pour les astres et pour la terre, laquelle est un "morceau de ciel", sans pour autant mériter un mystérieux titre de noblesse. L’influence des planètes incorruptibles était pour Dante une grande question, tandis que pour la science moderne les influences réciproques entre la terre et le reste de l’univers sont un fait quotidien d’observation, sans croire pour autant que le mouvement des étoiles influence notre destin.

Enfin dans le champs humain et social, la métaphysique introduit deux grands principes absolus: le Bien et le Mal, acquis de façon plus ou moins mystérieuse à la conscience de tous, ou personnifiés par des êtres transcendantaux. Nous avons fait allusion au relativisme des concepts moraux, à leur permutation et à leur changement selon les lieux, l’époque et les situations de classe.

La méthode métaphysique avec ses identités et contradictions absolues génèrent des erreurs grossières qui sont traditionnellement enracinées dans notre mode de penser, même si nous n’en sommes pas conscients. Le concept des antipodes parut absurde pendant longtemps; on se moqua de Christophe Colomb qui cherchait à rejoindre l’Orient en allant vers l’Occident, toujours au nom du principe de contradiction. Ainsi c’est une erreur métaphysique de résoudre en deux seuls modes les problèmes humains, comme ceux, par exemple, de la violence et de l’Etat, à savoir se déclarer pour l’Etat ou pour la violence; contre l’Etat ou contre la violence. Au contraire ces problèmes se relient dialectiquement dans leur moment historique, et se résolvent simultanément par des formules opposées, comme soutenir l’usage de la violence pour l’abolition de la violence, l’emploi de l’Etat pour l’abolition de l’Etat. L’erreur des autoritaires ou des libertaires par principe est également métaphysique.


DIALECTIQUE IDÉALISTE ET DIALECTIQUE SCIENTIFIQUE

On peut comprendre toutefois l’introduction de la dialectique de deux manières très différentes. Énoncée les premières fois par les plus brillantes écoles cosmologiques de la philosophie grecque comme méthode pour la connaissance naturelle non entachée d’apriorismes, elle accepta dans les autres domaines l’autorité des textes aristotéliciens, non parce qu’Aristote ne sentait pas la valeur de la dialectique comme interprétation de la réalité, mais parce que la décadence scientifique et le mysticisme dominant des époques successives fossilisèrent et immobilisèrent les résultats aristotéliciens.

Dans la philosophie critique moderne, il est d’usage de dire que la dialectique réapparaît et triomphe chez Hegel, de qui Marx l’aurait prise. Mais la dialectique de ces écoles philosophiques, tout en se dégageant sur le plan du raisonnement des entraves formelles et verbales de la scolastique, se fonde sur la présupposition que les lois de la construction de la pensée servent de base à la construction réelle du monde. La science humaine chercherait d’abord dans l’esprit même de l’homme les règles par lesquelles les vérités énoncées doivent se relier l’une à l’autre; puis elle encadrerait sur un tel schéma toutes les notions du monde extérieur. On pourrait donc établir et formuler la logique et la dialectique à l’aide d’un travail purement mental: chaque science dépendrait d’une méthodologie à découvrir dans le crâne de l’homme, voire dans la tête de l’individu, auteur le crâne de l’homme, voire dans la tête de l’individu, auteur du système. Cette prétention se justifie avec l’habituel argument selon lequel, dans la science, le facteur des éléments extérieurs à étudier s’entrelace inévitablement avec le facteur de la personnalité humaine, par lequel toute science est donc conditionnée. En conclusion la méthode dialectique à présupposition idéaliste a donc elle aussi un caractère métaphysique, même si elle prétend appeler ses constructions purement mentales du nom de science au lieu de révélation, de critiques au lieu d’apriorismes absolus, d’immanence des possibilités de la pensée humaine au lieu de transcendance par rapport à elle, comme pour les données des religions et des systèmes spiritualistes.

La dialectique pour nous est valide dans la mesure où l’application de ses règles n’est pas contredite par le contrôle expérimentale. Son emploi est certainement nécessaire puisque nous devons même traiter les résultats de toute science avec l’instrument du langage et du raisonnement (aidé par le calcul mathématique, bien que même les sciences mathématiques pour nous ne se basent pas sur les pures propriétés de la pensée, mais sur les propriétés réelles des choses). La dialectique est par conséquent un instrument d’exposition et d’élaboration et non seulement de polémique et didactique; elle sert à se défendre des erreurs engendrées par les méthodes traditionnelles du raisonnement et à atteindre le résultat, très difficile, qui consiste à ne pas introduire inconsciemment dans l’étude des données arbitraires et des préjugés. Mais la dialectique est à son tour un reflet de la réalité, et elle ne peut prétendre par elle même à la contraindre ou à l’engendrer. La dialectique pure par elle‑même ne nous révélera jamais rien; toutefois elle a un énorme avantage sur la méthode métaphysique parce qu’elle est dynamique tandis que l’autre est statique; elle filme la réalité au lieu de la photographier. Je sais peu de choses d’une automobile quand je sais que sa vitesse instantanée est de 60 Km/heure, si je ne sais pas si sa vitesse augmente ou diminue. J’en saurais encore moins si je connaissais seulement le lieu où elle se trouve d’après une photographie instantanée. Mais, tout en sachant qu’elle roule à 60 Km/heure, si je sais qu’elle accélère en quelques seconde de 0 à 120, je sais qu’elle sera très éloignée, au contraire si elle freine, qu’elle s’arrêtera quelques mètres plus loin. La métaphysique qui me donnait le et le quand du phénomène ne savait rien par rapport à la dialectique qui m’a donné la dépendance entre le où (espace) et le quand (temps), qui s’appelle vitesse; et surtout, la dépendance entre la vitesse et le temps: surtout, la dépendance entre la vitesse et le temps: l’accélération. Ce processus logique correspond dans la théorie mathématique des fonctions aux dérivées successives.

Si je connais la dialectique, j’évite deux erreurs: l’automobile se meut, donc d’ici peu, elle sera loin; l’automobile va lentement, donc d’ici peu, elle sera encore proche. Je serai aussi ingénu que le métaphysicien si, par goût de faire le dialecticien, je concluais: l’automobile se meut, donc d’ici peu, elle sera proche et vice versa. La dialectique n’est pas le sport des paradoxes; elle affirme qu’une contradiction peut contenir une vérité, mais que toute contradiction ne contient pas une vérité. Dans le cas de l’automobile, la dialectique me prévient que je ne peux conclure par le raisonnement pur quand je n’ai pas d’autres données: la dialectique ne les remplace pas a priori, mais oblige, lorsqu’elles manquent, à les tirer de nouvelles observations expérimentales; dans notre cas, une seconde mesure de la vitesse faite quelques instant après. Dans le domaine historique je raisonnerais comme métaphysicien en disant: la Terreur étant donnés les moyens qu’elle employa, fut un mouvement réactionnaire; ce serait pourtant un piètre dialecticien celui qui jugerait révolutionnaire, par exemple, le gouvernement de Thiers à cause de révolutionnaire, par exemple, le gouvernement de Thiers à cause de la répression violente des communards.


LA NEGATION DE LA NEGATION

Retournons à la négation de la négation. Pour la méthode métaphysique, avec deux principes opposés mais fixes, en niant l’un, on obtient l’autre; si ensuite l’on nie le second, on retombe sur le premier: deux négations équivalent à une affirmation. Par exemple, les esprits sont bons ou mauvais; Pierre nie que Lucifer soit un esprit mauvais. Paul nie ce que dit Pierre, par conséquent il affirme que Lucifer est un esprit mauvais. Ainsi l’histoire du mythe de Yavé, «vile démiurge» qui précipita Satan dans l’enfer et usurpa le trône des cieux, reflet primitif dans la pensée des hommes d’un renversement de pouvoirs et de valeurs.

Du point de vue dialectique, durant les négations et les affirmations, les termes ont changé de caractéristiques et de position, si bien qu’en ayant nié la première négation, on ne retombe pas purement et simplement dans la 1er affirmation, mais on parvient à un nouveau résultat. Par exemple, dans la physique d’Aristote, tout corps tend à rejoindre sa place, et à cause de cela les corps tombent; l’air qui monte, ou la fumée, ne sont pas des corps pesants. S’étant mis en tête ce faux schéma, les péripatéticiens dirent d’infinies niaiseries pour expliquer le mouvement du pendule, qui se soulève et s’abaisse à chaque oscillation. A l’inverse la question posée dialectiquement s’expose bien mieux (mais pour y parvenir, il ne suffisait pas de penser, il fallait expérimenter, comme le fit Galilée).

Les corps pesants se meuvent vers le bas. Les corps qui ne se meuvent pas vers le bas ne sont pas pesants: le pendule est‑il oui ou non un corps pesant ? Voici la difficulté des aristotéliciens; voici violé le sacré «principe d’identité et de contradiction». Si on dit au contraire que les corps pesants accélèrent en descendant, ils pourront aussi remonter, à condition de ralentir. Le pendule a une vitesse prédéterminée qui augmente quand il descend, et diminue quand il monte. Nous avons d’abord nié la direction du mouvement, et puis nié le sens de l’accélération. Toutefois nous avons fait un pas en avant, non seulement en acquérant le droit d’affirmer que le pendule est toujours un corps pesant, mais surtout en découvrant que la gravité n’est pas la cause du mouvement mais de l’accélération, découverte de Galilée qui fonda la science moderne. Galilée cependant ne fit pas cette découverte en maniant la dialectique, mais en mesurant le mouvement des pendules: la dialectique lui servit seulement à rompre l’obstacle formel et verbal des vieilles énonciations.

En présence d’une négation de la négation, il ne faudra pas croire être revenu au point de départ; mais nous devons nous attendre, grâce à la dialectique, être parvenu à un nouveau point: où est‑il et quel est‑il; la dialectique ne le sait pas, mais seule l’enquête positive et expérimentale peut l’établir.


CATÉGORIES ET “FORMES A PRIORI”

Avant d’illustrer la négation de la négation par l’exemple de caractère social que nous avons trouvé dans le texte de Marx, il serait bien de dire encore quelque chose sur le caractère arbitraire commun à la métaphysique et à la dialectique à présupposition idéaliste.

En partant de la constatation que nous connaissons le monde externe seulement au moyen de processus psychiques, soit que nous nous référions au sensualisme, c’est-à-dire à la doctrine qui fonde la connaissance sur les sens, soit à l’idéalisme pur qui la fonde sur la pensée (jusqu’à concevoir dans certains systèmes le monde externe comme une projection de la pensée subjective), toutes les philosophies traditionnelles soutiennent que certaines normes de la pensée trouvées simplement dans notre moi précèdent le système cognitif et la science concrète. Les principes premiers, que l’on faisait apparaître indiscutables justement parce qu’indémontrables, furent appelés catégories. Dans le système aristotélicien, les catégories (la différence entre ce terme et celui couramment employé de classe ou de regroupement est clair) sont au nombre de dix: substance, quantité, qualité, relation, espace, temps, position, propriété, action et passion. Elles correspondent aux questions: de quoi est‑il formé ? Quelle est sa grandeur ? De quelle qualité est‑il ? Dans quel rapport est‑il avec d’autres sujets ? où est‑il ? Quand ? Dans quelle position se trouve-t-il ? De quel attribut est‑il doté ? Que fait‑il ? De quoi souffret‑il ? (c’est-à-dire quelle action reçoit‑il ?). Par exemple: un homme est une substance vivante et pesante; il est haut de 1,80 m; il est de race blanche; il est plus lourd qu’un autre; il se trouve à Athènes; il vit en l’an 516; il est assis; il endosse la cuirasse; il parle; il est regardé par l’assistance.

Les catégories aristotéliciennes furent modifiées et réduites en nombre. Kant en donna un cadre un peu différent, en les définissant toujours comme des "formes à priori" de la pensée avec lesquelles l’intelligence humaine peut et doit élaborer toute donnée de l’expérience. Selon Kant l’expérience est impossible si on ne se réfère pas à deux intuitions «a priori», c’est-à-dire la notion d’espace et la notion de temps qui préexistent dans notre esprit à toute donnée d’expérience. Mais les conquêtes ultérieures de la science moderne ont successivement brisé ces différents systèmes "a priori", et ceci de façon irrémédiable, même si elles sont loin d’avoir répondu de manière exhaustive à toutes les interrogations dont le vide était rempli en fabriquant des "formes a priori". Hegel déjà pouvait dire que la qualité se réduit à la quantité (tel homme est blanc et non pas noir, parce que sa peau renferme une certaine quantité de pigment – mélanine – et non pas une autre). Kant serait très étonné de voir que les physiciens (la relativité d’Einstein) traitent de l’espace et du temps comme d’une grandeur unique, et qu’ils s’en remettent d’un commun accord pour la décision de fusion ou de divorce de ces deux catégories irréductibles à telle et telle expérience positive de physique et d’astronomie. Madame la Raison en étant quitte pour s’en accommoder.

Marx rejette le froid empirisme de ces penseurs qui affirment comme seul possible le recueil des données du monde extérieur comme autant de constations détachées et isolées, sans parvenir à leur systématisation, et sans se demander si nous recueillons des résultats certains de la réalité objective, ou seulement de douteuses empreintes sur nos tissus sensibles. Une telle méthode, sur laquelle la pensée de la bourgeoisie se replie après les premières systématisations audacieuses, comme dans le domaine économique, manifeste le conservatisme de celui qui est arrivé au pouvoir et qui préserve ses privilèges de toute analyse trop corrosive. Marx, tout en y attribuant une grande importance sociale, ne s’est pas complètement satisfait du matérialisme des encyclopédistes français, qui, malgré sa vigueur révolutionnaire et le renversement impitoyable des préjugés religieux, ne se libéra pas de la métaphysique et ne put générer d’autre socialisme que celui des utopistes, défectueux dans le sens historique. Marx, en troisième lieu, tout en ayant puisé fortement aux résultats des systèmes de la philosophie critique allemande, rompit, comme lui et Engels l’ont tant de fois raconté, avec son contenu idéaliste, dès qu’il aborda les problèmes sociaux, c’est-à-dire à la fin de 1842. Le criticisme pur allemand avait en commun avec le matérialisme d’outre Rhin la dispersion des croyances religieuses et la liquidation de tout élément dogmatique, transcendant par définition les possibilités rationnelles de l’homme; en plus de cela, il dépassait la métaphysique et avait une vision générale des mouvements des choses et des faits; mais il avait en moins la force d’engendrer historiquement une révolution contre le vieux monde féodal pareille à celle réalisée par les élèves politiques des Voltaire, des Rousseau et des d’Alembert. A l’Est du Rhin, la classe bourgeoise n’avait pas été capable de passer du domaine théorique à celui de l’action; le système hégélien fut utilisé tout bonnement à des fins prébourgeoises et réactionnaires; et le marxisme brisa ce fil en préconisant le remplacement de la bourgeoisie, qui avait épuisé les possibilités doctrinales et totalement manqué celles révolutionnaires, par une nouvelle classe.

La position authentique du marxisme par rapport aux écoles précédentes étant ainsi rétablie, il est intéressant maintenant de rappeler que les réserves portant sur l’empirisme concrétiste (surtout anglais) et le matérialisme métaphysique (surtout français) n’ont jamais signifié la reconnaissance du criticisme abstrait des Allemands et de leurs recherches abstruses de formes a priori.

Il suffit de rappeler la critique de Marx à Proudhon, dans la Misère de la philosophie de 1847, sur l’hégélianisme kantien hybride de ce dernier. Les catégories de la pensée et de l’esprit y sont aimablement tournées en dérision, ainsi que la prétention de Proudhon d’être un philosophe... allemand. Il exprimait sous une forme facétieuse ce que nous disions de l’empirisme et du criticisme par cette plaisanterie: «Si l’Anglais transforme les hommes en chapeaux, l’Allemand transforme les chapeaux en idée !»

Puis, dans la «Première observation», Marx expose de manière splendide, tout en en faisant une critique radicale, la méthode dialectique chez Hegel, réduite à une «métaphysique appliquée» inutile. L’empiriste laisse l’individu et le fait isolé dans leur stérilité. Le criticisme, à force d’abstractions, laisse tomber du fait singulier tous les éléments et limites pour aboutir à la «pure catégorie logique». «Que tout ce qui existe, que tout ce qui vit sur la terre et sous l’eau, puisse, à force d’abstractions, être réduit à une catégorie logique; que de cette façon le monde réel tout entier puisse se noyer dans le monde des abstractions, dans le monde des catégories logiques, qui s’en étonnera ?».

Il n’est pas possible de rapporter et d’expliquer toute la page. Il reste acquis que, dans le matérialisme dialectique, les «catégories logiques» et les «formes à priori» prennent une voie identique à celle que les penseurs de la bourgeoisie voie identique à celle que les penseurs de la bourgeoisie révolutionnaire firent prendre aux entités du monde surnaturel, aux Saints et aux âmes des défunts.


LA NÉGATION DE LA PROPRIÉTÉ CAPITALISTE

Dans le passage que nous avons cité à la fin de l’étude sur l’Économie marxiste (2), Dürhing voulut prendre l’auteur en contradiction puisque la nouvelle forme qui remplacera la propriété capitaliste est d’abord appelée «propriété individuelle» puis «propriété sociale».

Engels rétablit dûment la portée de ces expressions en distinguant la propriété des produits, ou des biens de consommation, et la propriété des moyens de production.

L’application du schéma dialectique de la négation de la négation procède clairement chez Marx. Avant de continuer, nous voulons ajouter quelques indications sur la portée des termes employés. La terminologie a pour nous marxistes une grande importance, soit parce que nous travaillons en passant continuellement d’une langue à une autre, soit parce que par nécessité de polémique et de propagande nous devons souvent employer le langage propre aux diverses théories.

Arrêtons nous donc sur trois distinctions terminologiques: les moyens de production et les moyens de consommation – propriété et emploi des premiers et des seconds –, propriété privée, individuelle et sociale.

La première distinction est aussi désormais courante dans l’économie vulgaire. Les produits de l’activité humaine soit servent à la consommation directe, comme l’alimentation et les vêtements, soit ils sont employés pour d’autres opérations productives, comme la pioche et la pelle ou les machines. La distinction n’est pas toujours facile et il y a des cas mixtes; quoiqu’il en soit on comprend bien la distinction dans les produits entre moyens de consommation et moyens de production.

Il conviendrait de désigner la propriété des biens de consommation au moment de leur emploi par le terme de propriété suivi des adjectifs: personnel, individuel. Elle consiste dans le fait que celui qui va se nourrir tient en main l’aliment, et personne ne peut l’empêcher de le porter à sa bouche. Même dans les sciences juridiques, ce rapport ne se définit pas correctement par le terme de propriété, mais par celui de possession.

La possession peut être de fait et matérielle, ou aussi de droit et légale, mais elle implique toujours de «tenir en main», c’est-à-dire la disposition physique de la chose. La propriété est le rapport par lequel on dispose d’une chose sans avoir à la tenir en main, grâce au titre inscrit sur un morceau de papier et grâce à une norme sociale.

La propriété est à la possession ce qu’est en physique l’action à distance de Newton à l’action de contact, c’est-à-dire la pression directe. Puisque dans le terme possession entre aussi une valeur juridique, nous pourrions essayer d’utiliser, comme concept pratique désignant la possibilité de pouvoir manger le morceau de pain ou de se chausser, le terme «disponibilité» (étant donné que le terme «disposition» évoque l’idée de rangement, de mise en ordre, qui appartient à un autre domaine).

Nous réserverons le terme de propriété aux biens instrumentaux: ustensiles, machine, usine, maisons, terre, etc...

De même en appelant propriété la disponibilité, par exemple, de son propre habit ou de son propre crayon, le Manifeste dit que les communistes veulent abolir la propriété bourgeoise, non la propriété personnelle.

Troisième distinction: privé, individuel, social. Le droit, pouvoir privé sur une chose, sur un bien, consommable ou instrumental (et d’abord aussi sur les personnes et les activités d’autres hommes), signifie le droit non étendu à tous, mais réservé à quelques uns seulement. Dans le terme privé prévaut, littéralement aussi, la valeur négative, c’est-à-dire non la faculté de jouir de la chose mais bien celle de priver les autres – avec la tutelle de la loi – de la jouissance de celle‑ci. Le régime de la propriété privée est celui dans lequel quelques uns sont propriétaires, et la multitude ne l’est pas. Dans la langue de l’époque de Dante, les «uman privati» sont les latrines, lieu où il est de règle que règne un seul occupant, bon symbole de l’odorante idéologie du bourgeois.

La propriété individuelle n’a pas le même sens que la propriété privée. la personne, l’individu, sont vus par les ... bien pensants comme personne bourgeoise, individu bourgeois (le Manifeste). Mais nous aurons un régime de propriété individuelle seulement lorsque chaque individu pourra avoir la propriété de quelque chose, ce qui à l’époque bourgeoise de fait n’existe pas, malgré les hypocrisies légales, ni pour les instruments, ni pour les biens de consommation.

La propriété sociale, le socialisme, est le système dans lequel il n’y a plus de rapport fixe entre le bien dont on traite, et une personne déterminée ou individu. Dans ce cas il serait bien de ne plus parler de propriété, puisque l’adjectif propre se réfère à un sujet singulier et non à l’universalité. Quoiqu’il en soit, on parle tous les jours de propriété nationale et étatique, et nous marxistes nous parlons, pour nous faire comprendre, de propriété sociale, collective, commune.

Suivons maintenant les trois phases sociales et historiques présentées synthétiquement par Marx qui couronnent le premier Livre du Capital. Laissons de côté les époques précédentes de l’esclavage et du plein féodalisme terrien, dans lesquelles le rapport personnel entre homme et homme prédomine sur le rapport de propriété entre homme et chose.

Première phase. Société de la petite production, artisanat pour les produits manufacturés, paysanne pour l’agriculture. Quel rapport chaque travailleur, de la boutique et de la terre, entretient‑il avec les moyens de production dont il se sert ? Le paysan est le maître de sa parcelle, l’artisan de ses instruments rudimentaires. Par conséquent disponibilité et propriété du travailleur sur ses instruments de production. Quel rapport chaque travailleur entretient‑il avec ses produits, du champ ou de la boutique ? Il en dispose librement; si ce sont des biens de consommation, il en use comme il l’entend. Nous dirons alors avec exactitude: propriété individuelle sur les biens instrumentaux, disponibilité personnelle des produits.

Seconde phase. Le Capitalisme. Les deux formes précédentes sont niées. Le travailleur n’a plus la propriété de la terre, de la boutique ou des ustensiles. Les instruments de production sont devenus la propriété privée de quelques industriels, des bourgeois. Le travailleur n’a plus aucun droit sur les produits, même aussi sur les produits de consommation qui sont à leur tour devenus la propriété du patron de la terre ou de la fabrique.

Troisième phase. négation de la négation. «Les expropriateurs sont expropriés», non dans le sens qu’on exproprierait les capitalistes des usines et des terres pour restaurer une propriété individuelle générale des biens instrumentaux. Ceci n’est pas du socialisme; c’est la formule «tous propriétaires» des petits bourgeois, aujourd’hui des staliniens. Les biens instrumentaux deviennent propriété sociale, puisque sont «conservées les acquisitions de l’ère capitaliste» qui ont fait de la production un fait «social». Ils cessent d’être propriété privée. Mais qu’en-est-il des biens de consommation ? Ces derniers sont mis par la société à la disposition générale de tous les consommateurs, c’est-à-dire de n’importe qui.

Dans la première phase chaque individu était donc propriétaire d’une petite quantité d’instruments productifs, et chaque individu avait une disponibilité des produits et des biens de consommation. Dans la troisième phase, la propriété privée sur les biens instrumentaux, qui sont de nature sociale, est interdite à tout individu, mais lui est assurée la possibilité – que le capitalisme lui avait retirée – d’avoir toujours une disponibilité sur les biens de consommation. Cela signifie que, avec la propriété sociale des machines, des fabriques, etc.., renaît – mais ô combien différent ! – la «propriété individuelle» de chaque travailleur sur une partie des produits de consommation qui existait dans la société artisane et paysanne, pré‑capitaliste, rapport non plus privé, mais rapport social.

Les deux négations bien au contraire ne nous ont pas ramené au point de départ de l’économie de la production éparpillée, moléculaire, mais bien au delà, à la gestion communiste de tous les biens, dans laquelle, à la fin, les termes de propriété, de biens, de part personnelle, n’auront plus aucune raison d’être employés.


LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE

Après que ce schéma de dépassement historique ait été éclairci, la réfutation de Dürhing par Engels est importante pour notre démonstration méthodologique.

«C’est seulement après avoir mené à terme sa démonstration historico-économique ... que Marx caractérise ce processus comme négation de la négation ... Après avoir démontré historiquement que ce processus, en réalité, s’est déjà en partie accompli, et doit encore s’accomplir, il le caractérise aussi comme un processus qui s’accomplit selon une loi dialectique déterminée ... Il ne prétend pas que, sur la foi dans la négation de la négation, on doive se laisser convaincre de la nécessité de la "communion du sol et du capitale"».

En conclusion, la dialectique nous sert, soit (comme le dit Marx dans la préface au Capital) pour exposer ce que la recherche analytique a établi, soit pour détruire l’obstacle des formes théoriques traditionnelles. La dialectique de Marx est la plus puissante force de destruction. Les philosophes s’échinaient à construire des systèmes. Les révolutionnaires dialecticiens détruisent par la force les formes consolidées qui veulent barrer la route de l’avenir. La dialectique est l’arme pour briser les barrières; une fois celles‑ci rompues, se rompt l’enchantement de l’immutabilité éternelle des formes de la pensée qui se révèlent en mouvement incessant, et qui correspondent aux mutations révolutionnaires des formes sociales.

Notre méthodologie cognitive doit nous conduire au pôle opposé d’une énonciation que nous prendrons chez Benedetto Croce sous la forme d’une remarque rageuse contre l’œuvre de diffusion du matérialisme dialectique de source stalinienne. «La dialectique a lieu uniquement dans le rapport entre les catégories de l’esprit et a pour but de résoudre l’antique et âpre, et qui paraît presque désespéré, dualisme entre valeur et absence de valeur, entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le positif et le négatif, l’être et le non‑être».

Pour nous – au contraire – la dialectique a lieu dans ces représentations en continuel changement, par lesquelles la pensée humaine reflète les processus de la nature et en raconte l’histoire. Ces représentations sont un groupe de relations, ou de transformations qui ou tendent à traiter sans poser aucune donnée absolue réclamée à «l’esprit» et à ses exercices solitaires, et avec une méthode qui n’est en rien différente de celle qui vaut pour les influences entre deux champs du monde matériel.

Lorsque la pensée conservatrice «moderne» tenta d’épouser les forces de l’empirisme et du criticisme, dans une négation commune de la possibilité de connaître les lois tant de la nature que de la société humaine, ce fut Lénine qui monta aux créneaux pour dénoncer l’insidieuse contre-révolution.

L’ordre russe actuel, lié au conformisme des positions constituées manque de la possibilité de continuer cette lutte, même dans le secteur scientifique: la défense ordonnée et l’offensive de l’école marxiste dans le domaine de la théorie menace de se briser, à cause de la contre attaque désespérée de l’intelligentsia capitaliste mondiale et de ses immenses moyens de propagande, si ne surgissent de nouvelles bases pour le travail radical de parti, libre de porter la flamme de la dialectique sur les soudures qui tiennent ensemble des structures artificielles de privilège, et de fois métaphysiques dans une toute nouvelle infaillibilité.

La doctrine de la révolution Communiste n’a besoin ni de sacerdoce, ni de Mecque.



1. Ce texte est paru dans notre organe italien Prometeo n° II‑1,1950. La traduction française est parue dans notre organe français Programme Communiste n° 9 de 1959.

2. Voici le passage ne question : « L’appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cette propriété privée qui n’est que le corollaire du travail indépendant et individuel. Mais la production capitaliste engendre elle‑même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. C’est la négation de la négation. Elle rétablit non la propriété privé du travailleur, mais sa propriété individuelle, fondée sur les acquis de l’ère capitaliste, sur la coopération et la possession commune de tous les moyens de production, y compris le sol » (Capital livre I, t.3, p 205 des éditions Sociales de 1973).