Parti Communiste International
 
Québec
Rien de bon pour les travailleurs du secteur public


Le 6 août dernier, la Fédération interprofessionnelle du Québec a accepté une entente de principe à l’issue de deux jours de référendum auprès de ses membres. Cette entente de principe est le résultat de 18 mois de négociations. En effet, les négociations 2020 qui avaient été entamées ont été mises sur la glace en raison de la crise sanitaire. Malgré tout, ces négociations n’annonçaient rien de beau pour les travailleurs du secteur public; les trois grandes centrales syndicales n’ayant pas accepté de faire front commun, l’ensemble des travailleurs ont dû faire face à l’État de manière isolée. Les années de maraudage et d’enfantillages ont finalement eu pour effet de désolidariser les centrales l’une d’entre elles, au grand plaisir des patrons et de leurs laquais au gouvernement. Notons que la FIQ, qui représente 76 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, n’a historiquement jamais fait front commun avec les grandes centrales.

En fin de compte, l’entente a été acceptée avec une faible majorité de 54%, avec de faibles taux de participation (entre 32% et 44% selon les régions) et a été rejetée dans certaines régions, ce qui est étonnant si on s’intéresse à son contenu : une faible augmentation salariale, de seulement 2% sur 3 ans de convention, ce qui se situe à peine au-dessus de l’inflation. De plus, une prime FIQ de 3,5% est prévue, de quoi creuser le fossé déjà présent entre les travailleuses des différentes centrales syndicales. Finalement, des primes de rétention et d’assiduité sont incluses dans l’entente. Mais en réalité, le gouvernement n’aura jamais à payer ces primes, car les conditions de travail sur le terrain ne changeront pas pour celles qui doivent faire du temps supplémentaire obligatoire (TSO) et qui ne peuvent concilier travail et famille. Le nœud du problème n’est pas les salaires, mais les conditions de travail qui épuisent les travailleuses : un nombre trop grand de patients, manque de ressources, des équipes constamment en sous-effectif, les TSO. Ce sont avant tout ces conditions qui font que les milieux de santé ne parviennent pas à retenir leur personnel ou à en embaucher du nouveau.

Tout au long du processus, la FIQ n’a pas hésité à dévoiler sa nature réactionnaire à travers l’entente de principe, une entente qui témoigne du mépris qu’elle a pour ses membres. En fait, la direction de la FIQ souhaite éviter la grève à tout prix, car, confortable dans sa position de conciliateur entre patrons et travailleuses, elle n’a tout simplement pas la force à mener ce genre de lutte. De plus, la faiblesse du mouvement de contestation face à l’entente nous montre malheureusement que la majorité des membres de la base ne sont pas, elles non plus, prêtes à se mobiliser. Malgré l’héroïque combativité d’un certain nombre d’infirmières qui n’ont pas peur de montrer leur mécontentement et leur désir de lutte, ces dernières, pour l’instant, ne forment visiblement qu’une minorité. En fait, la majorité d’entre elles n’ont jamais connu de grève, tandis qu’une autre portion est encore démoralisée par le choc de la défaite de 1999.


Manque d’engagement dans les syndicats

Depuis trop longtemps, les travailleurs ont cessé de voir les syndicats comme une arme puissante dont ils disposent pour mener la lutte des classes, mais plutôt comme une sorte d’assurance qu’ils paient pour bénéficier de certains avantages. Cela est certainement dû en partie à l’opportunisme des directions syndicales comme la FIQ qui préfèrent la conciliation à l’affrontement. Aussi, des dispositions comme la formule Rand, qui font que les employés d’un milieu de travail syndiqué font de facto partie du syndicat, ont tendance à abaisser le niveau de conscience et à laisser le terrain aux opportunistes. Les travailleurs doivent garder en tête qu’ils sont, de par leur situation économique, des intérêts irréconciliables avec les patrons et l’État qui défend leurs intérêts et que la lutte des classes mènera donc inévitablement à l’affrontement. Ils doivent donc se doter de structures leur permettant de mener efficacement la lutte, ce qui n’est pas le cas avec leurs syndicats actuels.


Les travailleuses de la santé méritent mieux !

L’argent ne fait pas le bonheur, mais la FIQ semble montrer cette entente comme une réussite. Elle ose même se vanter d’une participation “exemplaire”. Les maigres augmentations de salaire signées ne suffisent pas ! Elles ne suffisent pas aux travailleurs et elles ne suffisent pas pour la population québécoise qui bénéficie d’un réseau en ruine. Les travailleuses sont maintenant aux prises avec une nouvelle convention collective dégradante jusqu’en mars 2023. D’ici là, les problèmes du réseau seront aggravés. Il nous faut un mouvement combatif des travailleuses de la santé qui pourront se lutter pour de meilleures conditions de travail. Cela devra commencer par une concertation des syndicats et l’accord de faire un front commun pour les négociations de 2023.